EPOXY

Réédition d’une BD érotique qui a pris de l’âge. Pour les nostalgiques.

En ce début d’année, Le Lombard nous fait faire un grand saut dans le temps en rééditant une BD érotique méconnue: l’histoire d’Epoxy, une jeune femme en vacances en Grèce, qui se trouve plongée dans un univers fantastique, celui de la mythologie. S’enchaînent alors à vive allure les mésaventures de cette ingénue dénudée chez les Amazones, les Centaures, le Cyclope ou les dieux (Héraclès, Eros, Aphrodite, Hermès, etc). Victime de la guerre que se livre ces divinités entre elles, Epoxy traverse les mythes grecs (Io transformée en vache par Héra, la traversée du Styx, le Tartare, etc) comme on lirait un livre d’Histoire, parvenant de justesse à échapper à la mort ou au viol.

Paru en mai 1968 chez Losfeld, l’album est sorti dans l’indifférence. Il représente pourtant une étape importante dans l’évolution de la BD. D’abord parce qu' »Epoxy » marque les débuts de Jean Van Hamme au scénario. C’est en effet à l’issue d’une rencontre avec le dessinateur Paul Cuvelier que le futur auteur de « Thorgal » et de « XIII » – encore ingénieur -, imagine « Epoxy ». L’histoire mêle culture antique, art classique et érotisme comme le souhaitait un Cuvelier désireux de sortir du carcan des illustrés pour la jeunesse.

En outre, il s’agit de l’une des premières bandes dessinées « pour adultes » autorisées par la censure. Deux ans auparavant « Barbarella » (Jean-Claude Forest) avait été interdite à la vente aux mineurs. Rien de très osé pourtant dans « Epoxy » surtout pour le lecteur d’aujourd’hui: la Grèce antique est le cadre parfait pour montrer la nudité et les auteurs ne s’en privent pas. Mais tout est suggéré, les scènes d’amour sont éludées et les corps – entièrement imberbes – sont dessinés le plus souvent de dos. Et quand ils apparaissent de face, un détail comme une lance, un bout de rocher ou une ceinture vient cacher au lecteur l’essentiel.
En fait, le lecteur du XXIe siècle trouvera sans doute qu’il manque un peu de piquant à cet album. Certes la couverture est plus suggestive que celle de l’édition originale mais la série « Druuna » de Serpieri qui évolue également dans un univers fantastique est érotiquement parlant plus moderne. « Epoxy » n’en reste pas moins une référence dans le monde de la bande dessinée érotique que tout amateur se doit de posséder.

A noter que pour cette réédition, l’album a été recolorié par Bertrand Denoulet qui travaille également sur « Niklos Koda ».

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