ENEMIGO

Le détective Kenichi Seshimo part en Amérique du Sud pour sauver son frère kidnappé par des mercenaires et découvrir qui sont les commanditaires. Un récit de jeunesse signé Taniguchi. Une curiosité.

Un Taniguchi peut en cacher un autre. Loin des récits intimistes et nonchalants (« Le Journal de mon père», «Quartier lointain», «Le Sommet des dieux») qui ont fait le succès international du mangaka, Casterman a décidé de nous faire redécouvrir l’une de ses oeuvres de jeunesse. « Enemigo » date de 1984 et l’action se déroule au Nacencio, Etat d’Amérique du Sud miné par la guerre civile. Afin de transformer la jungle du sud du pays en terres agricoles, les autorités font appel à la société japonaise Seshimo. Mais son président Yûji Seshimo est kidnappé par des mercenaires qui demandent l’arrêt immédiat des travaux. Détective privé installé aux États-Unis et vétéran de la guerre du Vietnam, son frère Kenichi part alors à son secours.

Enlèvements, complots, trahisons, guet-apens, bagarres, meurtres et autres réjouissances rythment un manga d’action réaliste inattendu de la part de Taniguchi, qui lorgne sans s’en cacher du côté du cinéma américain. Les références à « Rambo » ne sont d’ailleurs pas bien loin avec cet ancien du Vietnam capable d’affronter à lui tout seul toute une bande de types armés jusqu’aux dents, en pleine jungle… Ça bastonne sévère et approfondir la psychologie des personnages n’est ici pas la priorité. Même si le récit est bien ficelé, scénaristiquement, « Enemigo » n’a rien d’inoubliable et constituera donc surtout une curiosité pour les fans de Taniguchi. Graphiquement, on retrouve déjà le style propre à Taniguchi avec un trait réaliste « qui sent le beurre », expression nippone signifiant « qui sent l’Occident », par rapport aux standards de la BD japonais, explique le mangaka en fin d’album.

Pour cette édition d' »Enemigo », Casterman a en effet ajouté, aux 270 pages de BD, une quarantaine de pages de bonus comprenant une galerie de dessins et de croquis, des entretiens avec Jirô Taniguchi et des auteurs européens comme Vittorio Giardino, François Schuitten et Baru.

Casterman

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