ECHECS
Les relations humaines vues comme une partie d’échecs à travers un récit choral maîtrisé.
Et si la vie était une partie d’échecs? Et si tels un pion, une tour, un fou ou un roi, différents individus se déplaçaient sur un même échiquier, se croisant pour certains en perturbant leurs mouvements, se confrontant pour d’autres, s’ignorant pour d’autres encore? « Echecs » au graphisme assez épuré met en scène une petite dizaine de personnages dont l’Espagnol Victor L.Pinel nous invite à suivre le parcours: un acteur ne supportant plus de ne plus être lui-même, une musicienne qui enchaîne les relations d’un soir, un vieux couple aux centres d’intérêt différents, une directrice d’Ehpad en instance de divorce, un homme éloigné géographiquement de son petit-ami, etc. Bref, des gens à la vie personnelle en échec qui sont connectés entre eux sans même le savoir.
Amateur d’échecs, l’auteur de « Puisqu’il faut des hommes » (avec Philippe Pelaez) et « Le Plongeon » (avec Séverine Vidal) n’a pas choisi la facilité avec ce récit choral construit tout entier autour des relations humaines (et de l’amour en particulier) et de la métaphore du jeu d’échecs sur le principe de « aucun mouvement n’est insignifiant, chaque mouvement provoque le suivant »: les pions peuvent facilement se bloquer l’un en face de l’autre, les fous se croisent sans jamais se trouver, le cavalier est insaisissable et imprévisible, le roi est la pièce la mieux gardée et celle qui a le moins de liberté, etc. C’est malin, réaliste tout en faisant montre d’empathie envers les personnages. L’exercice est maîtrisé et plutôt réussi.
Dessin et scénario: Victor L.Pinel – Editeur: Grand Angle – Prix: 24,90 euros.