DANTES – Tome 1. La chute d’un trader
Grandeur et décadence d’un jeune trader victime d’un implacable complot financier. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid. Début d’une long thriller financier crédible et bien ficelé.
Paris, mai 2000. Grosse surprise au gala du Millénaire de la finance: le mystérieux Christophe Dantès, dont personne ne sait qui il est et d’où lui vient son immense fortune, fait sa première apparition publique. Parmi les convives, il en repère immédiatement six. Six personnes qui, douze ans plus tôt, ont précipité dans un énorme scandale Alexandre, un jeune trader plein d’avenir.
Dantès… Ce nouveau thriller financier a beau se passer dans les milieux de la bourse en plein XXe siècle, la référence au fameux Comte de Monte-Cristo n’est évidemment pas le fruit au hasard. Comme le héros d’Alexandre Dumas, notre jeune trader va connaître une brusque ascension professionnelle avant d’être trahi, de chuter tout aussi brusquement et… de revenir pour accomplir sa vengeance. C’est du moins ce qu’on imagine puisque, hormis les premières et dernières planches qui se déroulent en 2000 lors du gala, le reste de l’album est construit comme un long flash back relatant ce qui est arrivé à Alexandre en 1988. Avec encore six tomes prévus (un pour chaque protagoniste visé par la vengeance?), la série promet en tout cas moults rebondissements.
Classique et très sobre graphiquement, le dessin s’efface devant un scénario plutôt bien ficelé. L’intrigue est crédible et reste compréhensible par le néophyte d’autant que l’album comporte un « petit lexique boursier » avec une dizaine de termes barbares expliqués tels que « Matif », « compte erreur » ou « chambre de compensation »… Il faut dire que pour le scénario, Pierre Boisserie s’est allié avec Philippe Guillaume qui dirige le service financier du quotidien Les Echos. Rien d’étonnant de ce fait qu’outre celle de Dumas, l’histoire rappelle un événement qui avait fait la Une des journaux il y a quelques années: la banqueroute de la plus prestigieuse banque britannique, la Barings, il y a quelques années à cause des spéculations malheureuses d’un trader sur les marché asiatiques. Nick Leeson fera perdre à sa banque 860 millions de livre sterling, soit deux fois le capital de la banque.
Sans être d’un suspense haletant, « Dantès » – qui a été prépublié dans Les Echos cet été – se présente donc comme une série sympathique qui a de fortes chances de trouver son public, le thriller financier étant un genre en expansion dans la bande dessinée ces dernières années (« Largo Winch », « I.R.$ », « Trust », etc).
– Dargaud