DANS LA NUIT, LA LIBERTÉ NOUS ÉCOUTE

Ecoeuré par le colonialisme français en Indochine, un jeune soldat français communiste décide de passer du côté du Viet-Minh. Le récit authentique d’un drôle d patriote. Une oeuvre engagée.

Communiste, Albert Clavier n’a pas 20 ans lorsqu’il s’engage dans l’armée pour voyager. En mars 1947, il est envoyé en Indochine « pour combattre les terroristes viet-minhs », mais il ne tarde pas à comprendre que ce conflit et les exactions commises par les soldats français sont en totale opposition avec ses opinions… Peu à peu, l’évidence s’impose à lui: il décide de rejoindre le camp d’en face pour rester en accord avec lui même et rester fidèle aux idéaux de la France – liberté, égalité, fraternité.

« Dans la nuit, la liberté nous écoute » n’est pas le récit de la guerre d’Indochine, ce n’est pas non plus un plaidoyer pro-communiste. Forcément, les pérégrinations d’Albert Clavier suivent le cours de l’Histoire et ses grandes dates mais l’album – dont le prix et les 186 pages en bichromie rebuteront peut-être le lecteur – est avant tout l’histoire d’un homme libre, libre de ses choix, libre de préférer la désobéissance civile au reniement de ses idéaux.

Le sujet était périlleux. Mais Maximilien Le Roy est un habitué des chemins de traverse. Journaliste et raconter d’histoires, il a déjà traité de l’intégration par l’intermédiaire d’un SDF fils d’émigrés tunisiens (« Hosni »), des bombardements israéliens sur les territoires palestiniens (le collectif « Gaza, un pavé dans la mer ») et du quotidien d’un jeune Palestinien coincé dans son territoire à l’ombre du mur dressé par Israël à partir de 2002 (« Faire le mur »). Pour « Dans la nuit… », Maximilien Le Roy a rencontré le véritable Albert Clavier et est parti faire des repérages au Vietnam.

Pour autant, il ne s’agissait pas de prendre officiellement parti – pardonner ou condamner le choix de Clavier – mais avant tout de comprendre et d’accepter. Comment réagir face à de tels évènements? Comment rester honnête envers ses idéaux? Qu’est-ce que le patriotisme?, etc.

Le vrai Albert Clavier est décédé en mars 2011 en France où il est revenu après 21 ans d’exil passés au Vietnam, supportant difficilement la maoïsation du Parti vietnamien. Il aurait certainement aimé découvrir ce livre publié.

Le Lombard

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