CE QUE NOUS SOMMES
Un jeune homme « augmenté » se retrouve soudain privé de son second cerveau numérique et c’est son monde qui s’écroule. Un récit bien fait sur le transhumanisme.
Quelque part en 2113. Constant n’a jamais mis les pieds à l’école et pourtant il parle 12 langues, connait peu près tout sur tout et peut vivre n’importe quelle expérience grâce au virtuel. Il faut dire que le jeune homme fait partie de quelques riches chanceux: la première génération née avec un second cerveau numérique connecté au Data Brain Server et dans lequel on a téléchargé un max de connaissances en quelque minutes… Mais un soir il est victime d’un piratage informatique et perd connaissance. Lorsqu’il se réveille, c’est le choc, c’est comme s’il avait absolument tout oublié, jusqu’à son nom.
Après « Un bruit étrange et beau », « The End » ou « Paris 2119 », dans une veine plus adulte que son fameux Titeuf, Zep nous propose une nouvelle fiction qui interroge l’Homme et son avenir. S’il reprend des ingrédients classiques des récits d’anticipation comme l’apogée du virtuel ou les inévitables nantis protégés par une barrière électrique d’une population non connectée, il le fait bien. Le cadre est cohérent, les personnages sont bien campés, bref on y croit et on cède volontiers à la réflexion voulue par Zep. Un récit au trait réaliste de près de 90 pages qui parle d’écologie puisque le Data Brain Center détourne la quasi totalité de l’énergie mondiale pour faire fonctionner ces fameux cerveaux et surtout s’attaque au transhumanisme avec un constat glaçant: contrairement à ce qu’il croit, l’Homme n’a plus évolué depuis plusieurs milliers d’années mais a profité d’avancées médicales et technologiques. En somme, on voulait faire un humain augmenté, on a créé l’humain assisté.
Dessin et scénario: Zep – Editeur: Rue de Sèvres – Prix: 20 euros.