CAPA

Biographie consciencieuse du photographe de guerre. Une courte vie passée à côtoyer la mort dans le monde entier, au plus près des combats. Une courte vie traversée par l’alcool, le jeu et les amours sans lendemain. Intéressant.

Son nom sera éternellement associé aux images du débarquement américain sur les plages de Normandie en juin 1944, Robert Capa (1913 – 1954) passa sa courte vie à courir d’un champ de bataille à un autre, appareil photo à la main. Florent Silloray (« Le carnet de Roger ») a choisi de raconter en 80 pages la vie d’un des plus grands photographes de guerre et l’un des fondateurs de l’agence Magnum. Narré à la première personne, le récit raconte aussi bien le travail sur le terrain de Capa – de la guerre civile d’Espagne à la guerre d’Indochine en passant par l’Afrique du Nord, la campagne d’Italie, l’Allemagne détruite mais aussi le Tour de France ou la naissance de l’Etat d’Israël – que ses amours et ses failles comme l’alcool, le jeu. Silloray déroule consciencieusement sa vie, se gardant bien de rester en dehors des polémiques sur la mort du soldat républicain (posée ou non) et sur le faible nombre de clichés du débarquement (ont-il été détériorés par un laborantin maladroit, Capa est-il resté très peu de temps sur la plage?). L’auteur de BD privilégie le portrait d’un homme simple, épris de liberté et d’une grande humanité qui ne cessera de penser à l’amour de sa vie, Gerda Taro morte écrasée par un char républicain en Espagne en plein reportage photo. Biographie bien documentée, « Capa » reste cependant un peu plat, tous les épisodes de sa vie étant finalement traité avec la même intensité, narrées de manière presque monocorde.

Rien à redire en revanche concernant la réalisation graphique. Le trait réaliste de Silloray fonctionne d’autant mieux qu’il colorise ses planches en sépia comme il l’avait fait pour son « Carnet de Roger » racontant la débâcle française de 1940. Les connaisseurs du travail de Robert Capa reconnaîtront au gré des cases des photos célèbres du reporter (la mort du soldat républicain, le soldat américain tué par un sniper allemand, la femme tondue à la Libération, etc) mais que le dessinateur a préféré ne pas reproduire tel quel avec des cadrages un peu différents des originaux. Pour les bédéphiles les moins au fait des clichés du photographe, ces références risquent toutefois de passer inaperçues. On pourra regretter alors l’absence d’un portfolio, même succinct.

Dessin et scénario : Florent Silloray – Editeur: Casterman – Prix: 17 euros.

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