BREAK POINT – Tome 1. La Matriochka

« Break Point » est un polar comme on les aime. Du suspense, de l’action, des répliques bien senties, le tout soutenu par un graphisme très soigné.

Il faut avoir un sacré culot ou ne plus rien avoir à perdre pour s’attaquer à la Matriochka. Cette banque, réputée inviolable, est une merveille de technologie et d’ingéniosité. Sur le principe des poupées russes, le coffre-fort est enfermé dans une salle forte, elle-même ceinturée par une autre salle forte. C’est pourtant dans cette « forteresse » que William, un braqueur, est retrouvé agonisant. A la police, il va raconter comment lui et ses compagnons en sont arrivés là.

« Break Point » est un polar. Une histoire sombre d’entrée puisque l’album s’ouvre sur un casse qui a mal tourné avec du sang, quelques cadavres et un gars très mal en point. La suite fonctionne sur un flash back pour raconter ce qui s’est passé. Mais le scénario de Saimbert n’est pas basé seulement sur le cambriolage en lui-même. C’est aussi l’histoire d’une manipulation. Celle du commanditaire du casse qui s’est adjoint les services d’une équipe de casseurs finis, paumés: Alex un petit voyou coureur de jupons qui a séduit la femme d’un parrain local, Karl un ouvrier soudeur qui a flingué le directeur qui l’a licencié et William un prince de l’informatique obèse et cocu. Et si tous ces gars n’ont pas l’air d’enfants de chœur, que dire de l’homme qui les a réuni ? La Gorgone, un homme portant un masque sur le visage, qui a la réputation ne pas vraiment laisser de complices vivants derrière lui… On le sent extrêmement intelligent, manipulateur, cruel. Ses apparitions sont angoissantes aussi bien pour les braqueurs que le lecteur, mis au même niveau. Bref ce mystérieux personnage fait froid dans le dos et nous en sommes qu’au début, l’histoire devant se dérouler sur deux tomes. Le dessin très réaliste de Mutti et les couleurs froides de Busachini, un peu délavées, accentuent également cette ambiance glaciale.

Mais un polar réussi, ce sont aussi des dialogues percutants. Et là encore « Break Point » réussit l’examen, avec tout au long des pages, des répliques bien senties sans être superficielles. Voilà donc une bonne surprise pour un premier tome que l’on imagine aisément faire l’objet d’une adaptation au cinéma.

Albin Michel

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