BOB DENARD, LE DERNIER MERCENAIRE
La vie tout en action d’un serviteur zélé de la Françafrique, de tous les coups d’Etat du continent. Une biographie sans concession au graphisme onirique réussi.
Bob Denard, le plus célèbre des mercenaires français dont le nom est associé aux nombreux coups d’Etat en Afrique des années 60 à 90. Olivier Jouvray (« Lincoln », « Waraba ») et Lilas Cognet (« Love corp ») racontent la vie mouvementée de celui qui tout petit rêvait d’action et de voyages et en même temps les relations internationales troubles de la République française. Car Denard était un soldat patriote qui agissait toujours avec l’accord (officieux) des services secrets français.
L’incroyable couverture de cette bande dessinée de 144 pages est à l’image des planches intérieures. Expressif, faussement naïf, coloré, le dessin lorgnant parfois du côté de l’illustration donne une vision plus légère du bonhomme, un électron libre qui, il faut bien le dire, n’avait guère d’état d’âme quand il s’agissait de trucider quelqu’un. D’ailleurs ici la violence est retranscrite de manière symbolique: les victimes se font littéralement trouées la peau et de l’hémoglobine rouge tomate sort en grands jets de manière artificielle.
Pour mettre en scène le portrait cynique du mercenaire controversé, le fondateur de La revue dessinée a par ailleurs fait appel à la Grande faucheuse qui permet en échangeant avec Bob Denard de lui faire parler de lui mais aussi d’apporter des précisions historiques sur le contexte de l’époque. Un procédé malin et efficace qui rend le récit plus vivant même si au vu de la longue carrière de Denard, ses missions finissent par être forcément un peu répétitives.
Dessinatrice: Lilas Cognet – Scénariste: Olivier Jouvray – Éditeur: Glénat – Prix: 22 euros.