BLAST – Tome 1. Grasse carcasse
La garde-à-vue d’un écrivain clochard ayant « dijoncté » à la mort de son père. Un album épais et sombre qui marque autant qu’une gifle.
« Le retour à la terre » et surtout « Le combat ordinaire » invitaient déjà à la réflexion. La mort du père et l’introspection sont encore au coeur de « Blast », le nouvel album de Larcenet, aussi épais et sombre que son héros adepte des barres chocolatées, Polza Mancini alias Grasse Carcasse. L’homme, écrivain obèse ayant tout quitté au décès de son père pour tailler la route en direction de l’île de Pâques, est en garde à vue. Il est arrivé quelque chose de grave à une certaine Carole et les flics tentent de comprendre les raisons de son geste en lui laissant raconter son histoire par le début: tout a commencé lorsqu’est arrivé le blast, explique ce gros chauve de 38 ans…
Mais qu’est ce donc que le blast? C’est Mancini lui-même qui nous apprend rapidement la signification du terme – « l’effet que provoque une explosion sur l’organisme », en l’occurrence dans sa tête – puisque le récit est presque entièrement subjectif et que nous en savons à peine moins que les policiers. Au bout des quelques 200 pages de ce premier tome, on n’apprendra d’ailleurs sur cette fameuse Carole et ce qui lui est arrivé. En revanche, avec ces superbes planches essentiellement en noir et blanc au découpage étudié, on aura droit à un album en forme de huis clos au rythme lent où dégouline l’immense solitude et l’humiliation d’un anti-héros se trimballant avec toute cette graisse qui « ballotte dessous ses bras ».
Véritable voyage dans les ténèbres à grands renforts d’angoisses et d’obsessions, « Blast » interpelle, voire dérange mais ne laisse pas indifférent. Tant mieux, car si Larcenet déclare ne pas encore tout savoir de la suite du récit, il est en tout cas bien parti pour une série de cinq tomes, au coeur du côté obscur de l’Homme.
– Dargaud