Peur[s] du noir, une expo et un film

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Ce film d’animation auxquels participent onze auteurs de BD et illustrateurs ne sortira que fin 2006 mais il a déjà son expo à Angoulême.

Réalisé par l’agence Prima Linea, installée à Angoulême, le film d’animation « Peur[s] du noir » promet de nous dévoiler les peurs et les cauchemars de onze illustrateurs et auteurs de bandes dessinées: Blutch (« Vitesse moderne »), Charles Burns (« Black Hole »), Marie-Caillou, Pierre Di Sciullo (« Qui ?Résiste »), Dupuy et Berberian (« Monsieur Jean »), Jerry Kramsky (« Dr Jekyll et Mr Hyde »), Lorenzo Mattotti (« Caboto »), Richard Mc Guire « (“P&O”), Michel Pirus (« Le roi des mouches ») et Romain Slocombe (« Tokyo girl ») ont chacun fait un travail sur eux-mêmes pour évoquer leurs peurs.

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« Des peurs qu’il peut être agréable de retranscrire mais qu’il est parfois difficile d’aller chercher » explique Berberian. « Cela nous amène à nous demander pourquoi on a choisi cette peur, précise Romain Sclocombe, moi par exemple j’ai choisi une petite fille dans un hôpital psychiatrique. Est-ce la peur de l’enfermement? ».

Des différents sujets et « peurs » traitées par les auteurs, on en saura pas beaucoup plus si ce n’est que ce sont des « peurs plus intimes que spectaculaires » d’après Berberian. Outre la petite fille à l’hôpital de Slocombe dessinée par Marie Caillou, on découvre donc entre autres dans la bande annonce, présentée à la presse à l’occasion du festival d’Angoulême un adolescent seul dans une forêt pour Charles Burns (« comme d’habitude ça a à voir avec le sexe et les insectes »), un petit garçon dans un couloir (Dupuy-Berberian), un autre tapi au fond de son lit ou des formes géométriques pour Pierre Di Sciullo (« peur de n’avoir aucune conscience poétique »).

peurs3.jpgUne thérapie de groupe, « Peur[s] du noir »? Pour les auteurs, le projet est surtout une aventure. Pour près de la moitié d’entre eux, l’animation est une première. Il a fallu « passer d’une activité solitaire à un travail de groupe » souligne Blutch. « Avec la BD, on prend une feuille de papier, un crayon et on peut créer un univers entier. On le photocopie et c’est fini, on le donne à ses amis. explique-t-il. Ici le processus d’écriture est radicalement différent de celui que je pratique en BD. Ce qui semble fonctionner au stade du scénario et du storyboard se révèle très différent quand on le voit bouger à l’écran ». Quant à Richard McGuire qui a déjà travaillé dans l’animation (« Loulou et autres loups »), le « principal problème c’est le mouvement en temps réel et le son. En BD, il y a le rythme des vignettes et des cases. Dans l’animation, le rythme est temporel ». Le principal défi est quand même de donner une cohérence graphique à l’ensemble des travaux précise Etienne Robial, directeur artistique du projet et ancien patron des Editions Futuropolis. Que les noirs soient les mêmes pour ne pas choquer l’oeil du lecteur.

La bande-annonce laisse augurer un film d’animation intéressant où le noir et blanc est omniprésent. « A un moment donné, il y a aura quand même une ponctuation chromatique » dévoile Etienne Robial,mais on ne vous en dira pas plus pour l’instant ». Le film est encore en production et l’équipe tient à garder le secret.

En attendant la sortie de ce long-métrage soutenu par les collectivités, reste donc au public à se contenter d’une exposition visible pendant le festival et jusqu’au 4 septembre 2006 au Centre national de la bande dessinée et de l’image à Angoulême. Tout le processus de fabrication de « Peur[s] du noir » est expliqué pour faire comprendre comment à partir d’images fixes, on passe à un dessin animé à part entière: le synopsis, le storyboard/ scénario, l’animatique (les dessins sont animés grossièrement), l’animation et enfin la post-production.

Le site de « Peur[s] du noir », encore très succint, promet de nouveaux indices à découvrir chaque semaine.

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