Le conflit s’envenime chez Dupuis
Le personnel de l’éditeur belge s’est mis de nouveau en grève après le licenciement de deux nouveaux membres de la direction.
Tendue depuis la mi-mars, la situation (lire nos différents articles en pied de papier) semblait s’apaiser. Et pourtant les 130 membres du personnel de Dupuis, qui avaient déjà cessé le travail durant deux jours, se sont remis en grève ce jeudi matin à Marcinelle. Le groupe Média Participations qui détient l’éditeur belge venait en effet d’annoncer le licenciement de deux nouveaux membres de la direction après celui du directeur éditorial Claude Gendrot et du directeur de l’informatique Alain Slamion. Motif officiel, « rupture de confiance ». Anne Delchevalerie et Nathalie Claes, respectivement directrice des ressources humaines et directrice financière, sont des proches de ces deux directeurs dissidents et faisaient partie du groupe qui avait proposé le rachat de l’éditeur par ses cadres (« management buy out »).
Les salariés dénoncent l’absence d’information en provenance de la direction française du groupe et le fait que les deux directrices ont eu connaissance de leur licenciement avant même que ne se tienne le conseil d’entreprise et alors que cet organe doit être prioritairement informé de ce type de décision.
Le personnel en grève de Dupuis est soutenu par les quelque 200 auteurs sous contrat chez Dupuis qui craignent eux aussi de voir réduites leur indépendance et leur autonomie de création. Alors qu’un conseil d’entreprise extraordinaire se tient cet après-midi entre la direction de Media Participations et les salariés, ces derniers comprennent mal comment « on peut licencier alors qu’on est censé être en pleine phase de négociations », explique Denis Lapierre, l’un des porte-parole des auteurs. « Le personnel voit sa direction complètement décapitée. Je comprends son incertitude et je la partage », ajoute-t-il. Selon lui, les auteurs envisagent pour leur part de se réunir « pour défendre la vision éditoriale de Dupuis », connu pour son respect du travail des auteurs. « Ils proposent les contrats les plus intéressants pour les auteurs, par exemple en les faisant signer pour 5 ans, soit 5 albums, quand ils lancent une nouvelle série, alors que chez les autres éditeurs, les auteurs n’ont qu’un ou deux albums pour faire leurs preuves », illustre Denis Lapierre.
Pour signifier son inquiétude, l’association des auteurs de bande dessinée (adaBD) a envoyé hier matin une lettre aux responsables des Editions Dupuis et à sa maison-mère française. « Nous voulons affirmer l’importance des auteurs de bande dessinée comme intervenants indispensables dans tout ce qui peut toucher l’évolution de l’édition de la bande dessinée » estime l’adaBD pour qui l’auteur doit être un partenaire privilégié parmi tous les intervenants de la bande dessinée. « C’est pourquoi nous soutenons le regroupement des auteurs des éditions Dupuis dans leur volonté de participer activement à toutes les discussions qui viseront à régler les problèmes et nous demandons que leurs attentes soient pleinement prises en compte », indique-t-elle.
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