La BnF lance un appel aux dons pour l’achat des planches originales de «La Bête est morte !»


Cette BD de 77 planches du dessinateur Calvo a été écrite sous l’Occupation nazie.

Avec quelque 120.000 albums, la Bibliothèque nationale de France (BnF) conserve aujourd’hui la plus grande collection de bandes dessinées en Europe pour le domaine franco-belge et propose 9.000 albums en accès libre et gratuit. Et c’est un nouveau trésor du 9e art qu’espère désormais accueillir la BnF qui vient d’annoncer un appel aux dons pour l’acquisition des planches originales de « La bête est morte! La guerre mondiale chez les animaux », écrite sous l’Occupation nazie.
Cette bande dessinée en deux tomes est l’œuvre de Calvo, avec les scénaristes Victor Dancette et Jacques Zimmermann. Republiée à partir de 1977 par Futuropolis, puis en 1995 et 2007 par Gallimard, elle relate les événements de la Seconde Guerre mondiale sous forme d’une fable animalière : des lapins et des écureuils figurent les Français, des loups les Allemands, des hyènes les Italiens, etc. Les opérations militaires et les événements politiques sont exposés en détail, mais aussi la Résistance intérieure et extérieure ainsi que la vie quotidienne des civils (rationnement, exode, torture, exécutions, massacres de Tulle et d’Oradour-sur-Glane, etc.) ou les camps de prisonniers. « La Bête est morte ! » est notamment la première bande dessinée à évoquer, à travers les camps de concentration et d’extermination, le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. 
« Bande dessinée exceptionnelle par sa dimension historique, « La Bête est morte ! » l’est également par ses qualités graphiques et esthétiques », explique la BnF. « La mise en images est très spectaculaire, usant de tous les moyens graphiques disponibles pour donner au récit sa puissance dramatique. Le dessin, réaliste dans la violence et l’horreur, contribue néanmoins à adoucir la narration par la figure animale et l’anthropomorphisme : rondeurs innocentes des écureuils et des lapins, loup tout droit sorti des « Trois petits cochons » de Disney réalisé en 1933, ou encore arbres humanisés ».
« La Bête est morte ! » marque aussi, note la Bibliothèque, « l’avènement d’une technique d’illustration nouvelle dans l’œuvre de Calvo : aquarelles et gouache conjuguées sont appliquées à même la planche, en couleurs directes, produisant de lumineux tableaux aux couleurs franches et éclatantes, dans un très large éventail chromatique. »
Les planches originales à la plume et au pinceau à l’aide d’encre de Chine et de gouaches, dont le prix d’acquisition est de 875.000 euros, seront conservées à la Réserve des livres rares. Il est possible de faire un don en ligne par carte bancaire ou par chèque et virement.

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