Grands Prix d’Angoulême: « Eux et leur bande sont, étaient, de joyeux vivants même morts »
Dans une lettre, les Grands Prix du Festival international de la bande dessinée rendent hommage aux victimes des attentats.
Après la tuerie de Charlie Hebdo dans laquelle Cabu, Wolinski, Tignous, Charb et Honoré ont été tués, les Grands Prix de la Ville d’Angoulême ont signé une lettre commune – intitulée « Stupeur, nausée, chagrin »- pour rendre hommage aux victimes.
« Comment s’asseoir à sa table, comment dessiner désormais? » s’interrogent-il d’abord. « La réponse à cette question, si vous vous la posez comme nous, Cabu, Wolinski nous l’ont donnée tout au long de leur parcours et jusqu’au bout. Ils n’ont jamais baissé les bras. À l’heure où certains sont à la retraite depuis un moment, eux sont restés attelés à leur table à dessin parce que c’est leur manière à eux de respirer et de vivre. Ce qui ne les a pas empêchés de passer le relais, notamment à Charb, Honoré, Tignous ».
« Cabu et Wolinski ont traversé l’histoire de ce pays, mené des combats, défié les tribunaux, la censure, les croyances aveugles et les peurs muettes, mais ils se sont aussi amusés en gagnant leur croûte » poursuivent les Grands Prix. « Cabu a animé le Club Dorothée, novélisé en bandes dessinées un film avec Coluche et Depardieu ; Wolinski a écrit des scénarios légers, absurdes et érotiques pour Georges Pichard, travaillé pour diverses revues pas forcément d’une qualité irréprochable. Jamais ils ne se sont posés en porteurs d’une mission sacrée quelconque. Eux et leur bande, Choron, Reiser, Cavanna sont, étaient, de joyeux vivants même morts. Aujourd’hui où tout nous semble dérisoire, inutile face à la perte de ces compagnons, de ces amis, dessinons, écrivons, imaginons, chacun à sa manière, chacun avec ses moyens, avec cette conviction, avec cette énergie qui semblait n’avoir jamais fait défaut à ces artistes, sans doute aussi parce qu’ils fonctionnaient en bande. »
« Nous sommes ensemble un grand atelier », conclut la lettre signée « Les Grands Prix du Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême pour Charlie Hebdo, en vente partout. »