Festival d’Angoulême: la CIBDI répond à Philippe Druillet

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Suite aux propos tenus par le dessinateur dans « Charlie Hebdo », la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image lui a répondu à travers un dessin de Lewis Trondheim et une lettre ouverte.

Philippe Druillet, Grand Prix du festival d’Angoulême en 1988, n’y avait pas été avec le dos de la cuillère. Dans Charlie Hebdo de la semaine dernière, il avait même « atomisé la mairie » d’Angoulême suite à l’annonce de la municipalité de réduire son financement à la manifestation.

« Quelque part, cette ville, qui représente le neuvième art, passe son temps à insulter la bande dessinée. Chaque année, il y a un scandale. Aujourd’hui, c’est le maire, Philippe Lavaud, qui fait chier. Un maire socialo, ce qui me fout encore plus les boules. J’ai l’impression qu’il a oublié le message de Jack Lang, qui s’est battu pour le festival d’Angoulême pendant des années » déclarait-il notamment. Pas plus tendre envers, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image (CIBDI), il le définissait ainsi: « En gros, une espèce de musée où se planque une bande de zozos qui roupillent. Car je me demande vraiment ce que font leurs 67 salariés tout au long de l’année (…). Si Angoulême a participé à la reconnaissance de la bande dessinée, le CNBDI (ndlr: l’ancien nom de la CIBDI) n’y est pas pour grand chose ».

La CIBDI aura semble-t-il peu apprécié les déclarations du dessinateur puisque suite à ses propos, elle s’est fendue d’une lettre ouverte accompagnée d’un dessin de Lewis Trondheim:
« La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image serait ravie de vous accueillir à Angoulême pour vous montrer ce qu’animent réellement les « zozos » que vous méprisez tant (54 équivalents temps plein, dont 9 femmes de ménage qui entretiennent les 12.000 m2 de la Cité dès 6 heures du matin). Le CNBDI que vous évoquez a disparu il y a deux ans pour laisser place à un établissement public que les observateurs étrangers nous envient et qui réunit:
– un musée de la bande dessinée, labellisé « musée de France », qui a ouvert en juin dernier, salué par une presse unanime et un public nombreux (accueilli à l’entrée par une de vos oeuvres) et qui vient encore récemment d’acheter une de vos planches au prix du marché.

– une bibliothèque patrimoniale, pôle associé de la Bibliothèque nationale de France, qui reçoit le dépôt légal de la bande dessinée, conserve, restaure et numérise 50.000 albums et 120.000 périodiques ;

– une bibliothèque publique spécialisée, qui propose 25.000 albums en prêt, fréquentée par la population de l’agglomération et de la région, et par l’ensemble des établissements scolaires ;

– la Maison des auteurs, qui accueille en permanence plus d’une vingtaine d’auteurs de bande dessinée, illustrateurs, animateurs du monde entier ;

– une librairie spécialisée, riche de 40.000 références, l’une des mieux fournies de France ;

– un cinéma d’art et essai et de recherche qui programme plus de 300 films par an dans ses deux salles ;

– un centre de soutien technique multimédia pour les écoles du campus de l’image (1 000 étudiants) ;

– une dizaine d’expositions par an, des rencontres professionnelles, des colloques et conférences, mais aussi des ateliers et stages pour les professionnels et le grand public ;

– des publications historiques et esthétiques, un site internet d’information et de ressources ;

– un restaurant, un centre de congrès, un espace public d’accès à Internet… « 

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Et la lettre ouverte de préciser: « Il ne nous semble pas qu’Angoulême « insulte » la bande dessinée.
A la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image une équipe travaille à réunir et à restituer, en un même lieu, 365 jours par an, la majeure partie des ressources sur la bande dessinée en France, en plus d’accueillir ou produire, quatre jours par an, l’essentiel du volet culturel du Festival de la bande dessinée.

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