Festival d’Angoulême 2025: sept expositions à découvrir

Au programme: Posy Simmonds, Julie Birmant, Makoto Yukimura, Kamome Shirama, Gou Tanabe, etc.

Le 52e Festival de la bande dessinée d’Angoulême, qui se tiendra du 30 janvier au 2 février 2025, proposera sept expositions principales:

  • « Posy Simmonds. Herself »:

Avec des œuvres de référence mondialement connues, comme Tamara Drewe et Gemma Bovery (Denoël), Posy Simmonds est une figure majeure de la bande dessinée britannique qui a influencé des générations d’artistes. À travers l’exposition Posy Simmonds. Herself, le Festival proposera une immersion dans son art singulier et sa plume satirique avec lesquels elle redessine les frontières entre l’intime et le politique grâce à des figures féminines tragi-comiques bouleversant les codes sociaux.
Les Festivaliers pourront découvrir les influences de l’artiste ainsi que les liens qui existent entre son travail et les grandes œuvres de la littérature – des œuvres de Charles Dickens à Gustave Flaubert, en passant par celles de Thomas Hardy. Ils pourront également percevoir la radicalité de son engagement politique, qui transparaît bien souvent sous le vernis pince-sans-rire de ses récits, et auront la chance de découvrir certains dessins inédits de ses fictions majeures.
Le public découvrira enfin la forme narrative singulière de Posy Simmonds qui emprunte aux codes du journalisme d’enquête et par laquelle elle a réussi à mettre en images les nouveaux récits de soi impliqués par notre société contemporaine : entre la solitude du rêveur à l’ère des réseaux sociaux, la foule urbaine et la vie rurale connectée.
Posy Simmonds a été élue par ses pairs Grand Prix du Festival 2024 pour l’ensemble de son œuvre.

  • « Les Herbes folles » de Julie Birmant:

En 2024 en lui remettant le Prix Goscinny – Meilleure scénariste pour le premier tome de sa série Dalí t.1 – Avant Gala, le Festival a souhaité saluer la plume éclairée de Julie Birmant et le regard qu’elle porte sur le XXe siècle et l’histoire de l’art moderne.
Avec cette exposition, les Festivaliers s’immergeront dans les différentes étapes de son processus créatif : du matériel – archives sonores, visuelles… – qu’elle utilise pour ses recherches, à sa façon de travailler avec les différents artistes dont elle s’entoure, parmi lesquels Clément Oubrerie ou encore Catherine Meurisse, pour donner vie aux récits qu’elle imagine.
Les visiteurs découvriront également la singularité de son regard sur l’histoire de l’art à travers ses portraits de femmes d’exception du XXe siècle, des “Herbes folles”, insoumises et mystérieuses : Isadora Duncan, Fernande Olivier, Gala… À travers ce travail, qui a nourri tous ses projets de scénariste, les visiteurs pourront ainsi pénétrer dans les différents thèmes qui jalonnent son œuvre.

  • Vinland Saga: une quête d’identité »:

Le Festival propose une exposition inédite et immersive dédiée à l’œuvre magistrale débutée en 2005 par Makoto Yukimura : « Vinland Saga ».
C’est en suivant le parcours de Thorfinn, héros charismatique et tumultueux de la série, que les visiteurs plongeront dans les décors hostiles de ce récit épique mêlant batailles homériques et épisodes introspectifs. Depuis les plaines rocailleuses aux drakkars battus par les flots des mers du nord, les festivaliers expérimenteront ainsi la dimension duale d’une œuvre aussi violente que profondément réflexive. À travers une large sélection de planches originales couvrant l’intégralité de la série, l’exposition « Vinland Saga: une quête d’identité » invite les festivaliers à suivre les chemins sinueux de la rédemption de Thorfinn et à découvrir la personnalité unique d’un auteur pour qui raconter une histoire relève d’un devoir philosophique primordial.

  • « La BD règle ses contes »:

Qu’elles soient fidèles, parodiques, éclairantes, poétiques ou irrévérencieuses, les adaptations de contes en bande dessinée portent haut la créativité de leurs auteurs, entre hommage et décalage. Pour la grande exposition de son Quartier Jeunesse, le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême met en lumière cinq univers dévoilant des contes dans tous leurs états: L’Encyclopédie du merveilleux, dirigée par Benjamin Lacombe (éditions Albin Michel); Émile et Margot d’Anne Didier, Olivier Muller et Olivier Deloye (Bayard Jeunesse); Contes fabuleux de la nuit, de Miyako Miiya (éditions Rue de Sèvres, Le Renard doré); Les Sept Ours nains, d’Émile Bravo (éditions du Seuil Jeunesse); La Quête, de Frédéric Maupomé et Wauter Mannaert (éditions le Lombard).
Quels imaginaires charrient encore aujourd’hui pour nous les contes ? Comment et pourquoi les auteurs et autrices de bande dessinée s’en saisissent-ils ? Du féérique château d’Émile et Margot aux hilarants Sept Ours nains, des graphiques Contes fabuleux de la nuit aux ouvrages illustrés de l’Encyclopédie du merveilleux en passant par l’hyper-contemporaine La Quête : chaque univers de cette exposition accessible à tous les publics emmènera petits et grands sur la trace des figures qui peuplent les contes, qu’elles soient familières ou inattendues.
Muni d’une carte, le jeune visiteur pourra se repérer dans cette forêt des contes, des jardins d’un château jusqu’à une route semée d’embûches, en passant par une grotte, un manoir ou une forêt. Tel un Petit Poucet, récoltant les indices lui permettant de suivre à la trace les créatures imaginaires qu’il croisera sur son chemin, il fabriquera ainsi lui-même son propre petit conte – de fées… ou de monstres !
L’exposition déploiera des œuvres originales, plongeant le visiteur dans des atmosphères inédites pour divertir, faire réfléchir ou frémir là où on ne s’y attend pas. Plongé dans l’imaginaire tantôt merveilleux tantôt terrifiant des contes, il découvrira comment la bande dessinée en bouleverse tous les codes, en le transposant dans l’actualité la plus contemporaine, le sublimant par le dessin ou encore en créant le décalage par un humour ravageur ou une distance critique.

  • «L’Atelier des Sorciers, la plume enchantée de Kamome Shirahama»:

Elle met à l’honneur la série L’Atelier des Sorciers, imaginée par la mangaka Kamome Shirahama. A travers les yeux de Coco, jeune héroïne curieuse et talentueuse, les visiteurs seront transportés dans un monde où la magie n’est ni un don, ni un héritage, mais un savoir-faire acquis par un apprentissage rigoureux. Cette vision singulière de la magie devient ainsi une allégorie du travail du mangaka, un art que l’autrice, encore étudiante aux Beaux-Arts de Tokyo pensait hors de portée mais qu’elle a su perfectionner grâce à un travail rigoureux. L’exposition invite ainsi les festivaliers à explorer les thèmes centraux de la série, mêlant persévérance, solidarité et quête initiatique, dans une atmosphère teintée de secrets et de sorcellerie.
Installée dans l’écrin Renaissance de l’Hôtel Saint-Simon, L’Atelier des Sorciers : La plume enchantée de Kamome Shirahama dévoile une sélection de planches originales et d’œuvres préparatoires, témoignant de la singularité du style de l’autrice qui mêle avec brio illustration ancienne et manga. Un véritable hommage à l’artisanat et aux hommes et femmes qui ont les doigts toujours pleins d’encre.

  • «Hyper BD: une exposition dont nous sommes les héro·ïne·s »:

Le Festival d’Angoulême fait le choix cette année d’abolir les lignes au sein de l’Espace Nouvelle Création et propose Hyper BD, une grande exposition qui a pour ambition de représenter les coulisses de la création actuelle.
Parmi différents cheminements imaginables pouvant amener à devenir artiste de bande dessinée, quelles sont les manières de créer qui s’offrent aux jeunes talents de notre époque ? Faut-il proposer ses manuscrits aux grands éditeurs, s’autopublier sur les réseaux sociaux, ou se lancer dans le fanzine collectif ? Doit-on se faire la main au travers des concours Jeunes Talents, se former dans des écoles prestigieuses, ou plutôt s’appuyer sur les technologies du passé et du futur ? Dans un accrochage ambitieux, aussi ludique qu’exigeant, Hyper BD ne souhaite pas donner une solution unique, mais veut cartographier les possibles pour la nouvelle création en bande dessinée d’aujourd’hui. Sous la forme d’une « exposition dont nous sommes les héro·ïne·s », on peut être littéralement guidé dans les dédales de la création contemporaine, et enrichir sa conception de la bande dessinée au travers des travaux de cinq autrices et auteurs exceptionnels marquant leur époque. Rassemblés au sein du seul et même grand espace avec les Jeunes Talents 2025, ils forment une véritable exposition-monde, prenant ses inspirations dans les quêtes des jeux vidéo, les livres ludiques ou la fiction hypertexte : Hyper BD permet à chacun.e de se raconter son propre récit, réel ou fantasmé, de la création de bandes dessinées.
Émilie Plateau, autrice de L’Épopée infernale, signe la narration de l’exposition, et nous plonge dans l’univers d’un livre dont vous êtes l’héroïne.
Adrian Tomine nous montre le chemin passionné mais semé d’embûches d’un auteur de bande dessinée au travers de son ouvrage La Solitude du marathonien de la bande dessinée.
Salomé Lahoche nous raconte ses déboires et ses succès, via les adaptations en livres de ses bandes dessinées prépubliées sur les réseaux sociaux.
Bingo, à contre-courant avec son livre Télé Planète totalement conçu sur un poste Minitel, nous fait réfléchir à notre rapport aux écrans et à l’IA, tout comme Antoine Marchalot, qui réutilise et détourne l’intelligence artificielle comme un outil au service de l’humour absurde.

  • «Gou Tanabe x H.P. Lovecraft : visions hallucinées »:

Couronnée du Prix de la Série lors de la 47e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2020, la grande entreprise d’adaptation de l’œuvre de H.P. Lovecraft par Gou Tanabe (Les Chefs-d’œuvre de Lovecraft, douze volumes publiés en France aux éditions Ki-oon) continue d’exercer une étrange fascination sur les lecteurs – se montrant à la fois absolument fidèle au texte originel, tout en constituant une véritable appropriation personnelle.
Alors que le mythe de Cthulhu vient de faire son entrée dans La Pléiade, la 52e édition du Festival d’Angoulême propose, avec l’exposition « Gou Tanabe x H.P. Lovecraft : visions hallucinées », de prolonger le dialogue entre les deux auteurs. Organisée autour d’un parcours s’inspirant du déroulement des nouvelles du Maître de Providence, l’exposition embarquera pour des terres inconnues à la recherche de ces cités oubliées où dorment les Grands Anciens, dans des visions où il est parfois difficile de distinguer le rêve de la folie.
À travers de plus d’une centaine de dessins originaux présentés dans une scénographie cyclopéenne et accompagnés d’extraits du texte séminal, les visiteur·se·s pourront découvrir les méthodes de travail de Gou Tanabe (mêlant dessin traditionnel sur papier et outil numérique), ainsi que ses interprétations des grandes figures des récits de l’auteur fantastique le plus influent du XXe siècle. La sélection de planches présentées s’étendra de la première incursion du mangaka dans l’univers de H.P. Lovecraft avec « The Outsider » en 2004, jusqu’au cycle consacré au personnage de Randolph Carter qu’il a récemment entamé. Architectures inquiétantes, figures dérangeantes et atmosphères étouffantes seront au rendez-vous.

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