Festival d’Angoulême 2021: Pénélope Bagieu, Catherine Meurisse et Chris Ware en lice pour le Grand Prix

Les auteurs de BD étaient appelés à voter pour le premier tour.

Le Grand Prix du 48e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême – qui aurait dû se tenir avec du public du 24 au 27 juin 2021 mais qui a finalement été annulé (lire notre article du 02/04/21) – sera l’un de ces trois auteurs : Pénélope Bagieu, Catherine Meurisse ou Chris Ware. L’an dernier (qui avait vu l’élection du Français Emmanuel Guibert), Chris Ware et Catherine Meurisse étaient déjà nominés. Chris Ware fait même fait même partie du trio depuis 2018!

La communauté d’auteurs de BD avaient été appelée à voter au 1er tour du 27 mai au 1er juin 2021 sous forme électronique. Le second tour se déroulera du 8 au 14 juin 2021. Le lauréat sera celle ou celui qui aura obtenu le nombre de votes le plus élevé. Le nom du nouveau Grand Prix sera annoncé le 23 juin 2021.

  • Pénélope Bagieu est née en 1982 à Paris. Elle poursuit des études à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, puis au Central Saint Martins College of Art and Design de Londres, au cours desquelles elle réalise un court métrage d’animation, « Fini de rire », qui lui vaut plusieurs nominations dans des festivals. Illustratrice pour la presse et pour la publicité, elle lance également un blog dessiné en 2007, « Ma vie est tout à fait fascinante », dans lequel une certaine Pénélope Jolicoeur raconte, avec malice et humour, sa vie quotidienne.
    S’intéressant de près aux destins de femmes – Joséphine, Cadavre exquis – Pénélope Bagieu creuse ensuite plus précisément le genre de la biographie avec « California Dreamin’ » (Harvey Award 2018), plongée dans les débuts de la chanteuse du groupe The Mamas and the Papas, jusqu’au succès de la chanson mythique qui a donné son nom à la bande dessinée. Préalablement diffusée sur un blog hébergé par Le Monde, sa série « Culottées » retrace les parcours de trente femmes indomptables de tous les continents qui ont bravé des interdits. L’actrice y creuse son art du portrait, et reçoit pour la série le prix Eisner au Comicon de San Diego. Poursuivant son investigation militante des mythes féminins, la dessinatrice a adapté en 2020 « Sacrées Sorcières » de Roald Dahl pour la jeunesse, proposant par ce biais une réinterprétation de son choc littéraire d’enfant.
  • Catherine Meurisse est embauchée à Charlie Hebdo en 2005, à 25 ans, alors qu’elle est tout juste diplômée des Arts Déco. L’histoire de l’art et la littérature sont ses terrains de jeux préférés et au fil de ses différents albums – « Mes hommes de lettres », « Le pont des Arts », « Moderne Olympia » –, elle offre une relecture érudite et irrévérencieuse de la culture française. Cette fine critique se pose aussi en observatrice du monde contemporain. Son trait vif et malin sublime ses albums pleins de fantaisie, mais sait aussi se faire précis et fouillé lorsqu’il s’agit de reproduire des œuvres d’art.
    Après l’attentat de Charlie Hebdo, auquel elle échappe, Catherine Meurisse met de côté son rôle de spectatrice critique. Se posant la question de l’identité, elle ne cherche plus à se cacher derrière l’art même si elle va alors rechercher « la beauté comme antidote à l’horreur ». Elle devient un personnage vivant et incarné de ses bandes dessinées, se reconstruisant en plaçant sa propre personne au cœur de ses récits – sans pour autant abandonner l’humour. Dans « La légèreté », Catherine Meurisse se met en scène sans masque, expliquant comment elle utilise l’art pour se retrouver, se sortir du chaos. Son approche picturale évolue. Elle se dessine dans des décors sereins, où le beau règne (musées, paysages dépouillés). Son trait comme libéré se fait virtuose et onirique. Une approche plastique qu’elle développe encore dans « Les Grands espaces, autre récit autobiographique et très personnel qui revient sur son enfance à la campagne, où, bien entendu, les livres et l’art sont aussi formateurs que la nature. Élue à l’Académie des Beaux-arts en 2020, Catherine Meurisse est la première femme, depuis le XVIIIe siècle, à intégrer la section Peinture de cette institution.
  • Chris Ware est né en 1967 à Omaha aux États-Unis. Il entame au début des années 1990 une œuvre d’envergure avec la série des « Acme Novelty », vraie-fausse revue à la forme et à la pagination changeante qui installe les personnages bientôt fameux de l’auteur : « Quimby the Mouse », « Rusty Brown » et surtout « Jimmy Corrigan ». Chris Ware a reçu de très nombreux prix, dont 28 Harvey Awards et 22 Eisner Awards. L’auteur publie en 2012 le remarqué « Building Stories », un livre-objet impressionnant constitué d’une quinzaine de livres de formats divers pouvant être lus dans un ordre choisi par le lecteur – celui-ci a reçu le Prix Spécial du Jury au Festival d’Angoulême en 2013. Fin 2020 est paru aux Éditions Delcourt son nouvel ouvrage, déjà paru aux États-Unis, « Rusty Brown », qui figurait parmi les ouvrages en Sélection Officielle du Festival.

Share