Face à la crise, les éditeurs tirent la langue
Selon un sondage mené par le Syndicat national de l’édition, les maisons d’édition pourraient perdre de 20 à 40% de leur chiffre d’affaires en 2020.
Quelle est la situation des éditeurs face à la crise liée au Covid-19? Le Syndicat national de l’édition (SNE) vient de dévoiler les conclusions d’un sondage mené entre le 27 avril et le 6 mai 2020 auprès de 132 entreprises ou groupes d’édition (représentant environ 250 maisons d’édition), dont une moitié de très petites structures (chiffre d’affaires annuel inférieur à 500.000 euros par an). Et les résultats sont inquiétants.
- La principale conséquence économique de la crise est le risque de tensions sur la trésorerie, selon 57% des répondants. « 18 maisons évoquent aussi un possible risque de fermeture », selon l’étude du SNE. La moitié des éditeurs sondés évaluent une baisse de leur chiffre d’affaires de 20 à 40% en 2020 par rapport à 2019 et un quart d’entre eux estiment même qu’ils perdront plus de 40% de leur chiffre d’affaires sur l’année 2020.
- Pour passer l’épreuve du confinement, 72% des maisons d’édition sondées ont pris des mesures d’activité partielle. Une maison sondée sur cinq a demandé à bénéficier du fonds de solidarité nationale de l’Etat (aide de 1500€ réservée aux TPE). 25% des maisons d’édition sondées déclarent n’avoir sollicité aucun dispositif mis en place par le gouvernement pour venir en aide aux entreprises françaises mais pour les autres ce sont le report des échéances sociales et le PGE (prêt garanti par l’Etat) qui ont été privilégiés. En revanche, l’aide exceptionnelle du CNL destinées aux maisons d’édition indépendantes les plus fragiles a été assez peu sollicité, en raison de critères d’éligibilité jugés « trop restrictifs », note le Syndicat national de l’édition.
- Quelle relance pour le secteur ? « Difficile redémarrage des librairies et des points de vente, baisse de la demande des lecteurs et ressources financières insuffisantes » sont les trois principaux facteurs de fragilité identifiés pour la reprise de l’activité. Première mesure préconisée, « le soutien à la librairie »: suspension de la TVA sur le livre, subventions pour le livre scolaire, distribution de chèques-lire… Pour aider les éditeurs indépendants, les sondés suggèrent l’annulation de cotisations sociales, des aides financières sur les coûts fixes (loyer, électricité, etc) et un maintien temporaire du chômage partiel. Enfin, plus généralement, ils souhaitent notamment l’adoption d’un tarif postal du livre et le lancement d’une grande commande publique de livres pour les bibliothèques et les établissements scolaires.
- De même, les répondants appellent à « une solidarité entre l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre, pour le maintien du secteur et que la diversité subsiste ». De façon générale, ils jugent les ressources financières destinées à soutenir la reprise « insuffisantes ».
- En outre, pour éviter un afflux massif de nouveautés, les éditeurs sondés prévoient d’annuler ou de reporter 18% de leurs nouveautés initialement prévues en 2020.
- Seule note positive constatée dans l’étude du SNE, « une hausse des ventes de livres numériques » et « une légère augmentation des ventes de livres audio ».