Beineix ne lâche pas l’affaire!

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Sa première BD « L’affaire du siècle » avait échauffé les esprits. Qu’à cela ne tienne, le réalisateur rempile pour une 2e volet.

Jean-Jacques Beineix est de retour dans la bande dessinée, n’en déplaise à ses détracteurs. On se souvient en effet du la vague de réactions négatives suscitée en septembre 2004 par la sortie de sa BD « L’affaire du siècle ». Ce premier tome (« Château de vampire à vendre ») signé du réalisateur de cinéma (« Diva », « La Lune dans le caniveau », « 37°2 le matin ») avait été co-édité par Glénat et sa société de production Cargo Films. Sorti à grand renfort de promotion, il lançait aussi un dessinateur novice dans la BD, Bruno de Dieuleveult, jusqu’alors storyboarder pour Gérard Oury, Patrice Leconte, Jean-Jacques Beineix, Patrick Braoudé ou Agnès Jaoui.

Le deuxième tome (« Vampire à louer ») sera publié au Diable Vauvert le 26 janvier 2006. Il mettra en scène dans le Paris d’aujourd’hui, l’initiation de deux jeunes vampires par Brand, un vampire expérimenté mais qui avait pris un siècle sabbatique. En effet, à force de manger de la viande et de boire des boissons gazeuses sucrées, Cora et Tony ont perdu leurs pouvoirs surnaturels. Ils doivent pourtant absolument les recouvrer pour réaliser le casse du siècle : voler l’argent de la mafia pour s’acheter le château où ils pourront se réfugier à l’abri des Beaufs racistes qui les menacent. Adaptée du roman de Marc Behm « La vierge de glace », la série est prévue sur quatre albums au total.

Pour Diable Vauvert, une petite société parisienne qui se définit comme un « éditeur d’œuvres modernes, contemporaines, des langages de l’écrit, à la fois chasseur et collectionneur de perles littéraires d’aujourd’hui », publier Beineix « est un rêve ». « Un rêve, précise l’éditrice Marion Mazauric dans un communiqué, pour un éditeur de ma génération, qui, à 20 ans, a vu paraître « Diva » sur les écrans avec jubilation, alors que les académiques de tout poil et autres institutions du bon goût dénigraient son esthétique BD. La même époque où encenser King, Gibson, Tolkien ou Druillet, était encore jugé au mieux comme de l’infantilisme culturel, au pire comme une compromission aux œuvres marchandes ».
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Marion Mazauric, elle, « aime « L’Affaire du Siècle », et ce second volume, « Vampire à louer », construit sur le motif classique de la formation du héros, est digne des meilleures séries B.Trouvailles, clins d’œil, suspense, Beineix et De Dieuleveult nous racontent magnifiquement cette histoire de bêtise, de racisme et de roublardise vampire. Et ils le font comme les cinéastes et les auteurs qu’ils sont. Productrices de choc, réalisateur, auteur, peintre, story-boardeur, coloriste : une équipe comme au cinéma, une bande archi-pro qui ne travaille qu’ensemble, une aventure, une vision de 20 ans. »

L’éditrice ne fait pas mine d’ignorer la polémique suscitée à la sortie du premier tome: «  »L’Affaire du siècle » n’est sans doute pas précisément « une affaire »: on a entre autres reproché à cette BD de n’être pas de la BD ». Mais, explique-t-elle, « on a déjà reproché aux films de Beineix de n’être pas du cinéma, et aux livres du Diable Vauvert de n’être pas de la littérature! Je peux l’admirer, mais l’académisme m’ennuie. J’aime publier des livres qui contreviennent aux règles. Et j’aime suivre les auteurs les plus créatifs dans les chemins qu’ils choisissent, fussent-ils de traverse, surtout de traverse. J’aime aussi les séries, et j’adore quand les séries contournent ou s’amusent des lois du genre qu’elles honorent. On peut s’appeler Beineix et De Dieuleveult et vouloir oser, en toute modestie, une contribution d’auteur, audacieuse et enthousiaste, à un art qui vous a fabriqué. Quant à moi, la BD a façonné, élargi et ouvert mon paysage littéraire au même titre que la poésie, le cinéma, la science-fiction, l’épopée ou le roman. Pour l’éditeur comme pour son auteur, « L’Affaire du siècle » est donc à la fois un tribut à la BD pour services rendus, et un désir. Il était tellement légitime que deux producteurs indépendants s’associent ainsi sur un héritage et des convictions communes, pour donner chair à ce désir. Et si le Diable Vauvert a, en accueillant ce projet produit par Cargo Films, une fierté, c’est bien celle d’avoir accordé aux auteurs, pour ce volume 2, la possibilité de travailler comme ils le concevaient :au résultat, on ne peut que s’en féliciter ».

Après le plaidoyer, le verdict du public est attendu le 26 janvier 2006 dans les librairies.

Site de « L’Affaire du siècle »

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