Pascal Regnauld : « Un loser comme héros »

« Balle tragique pour une série Z » raconte les embrouilles d’un acteur de seconde zone dans le Hollywood des années 50. Un polar accrocheur servi par les planches très cinématographiques de Pascal Regnauld.


Qu’est-ce qui vous a d’abord séduit dans le scénario de Roger Seiter : l’Amérique des années 50, les coulisses d’Hollywood, l’ambiance polar noir… ?
Pascal Regnauld. J’ai bien aimé le choix d’avoir pour héros un loser. Dans « Trou de Mémoire », le héros était un sale type, mais il avait une certaine aura. Jimmy cumule les malchances et c’était intéressant de voir comment il allait s’en sortir. C’est vrai aussi que l’ambiance d’Hollywood dans les années 50 est sympa à dessiner au niveau des décors et des voitures… Donc, ça a joué aussi beaucoup.



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Vous dessinez souvent des polars. Vous avez une vraie appétence pour ce genre ?
P.R. Avec Roger, on lit beaucoup de polars, alors tout naturellement ça a accroché tout de suite quand on a collaboré. On aurait bien aimé adapter un Joe Nesbo ou un Tony Hillerman par exemple. Mis à part le côté divertissant et dépaysant de la chose, j’aime surtout les personnages au profil atypique qu’on croise dans ces romans, ainsi que l’évidente dimension sociale.



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L’album débute par plusieurs planches sur le tournage d’un épisode de la série « Zorro ». Cela a été un vrai plaisir nostalgique à dessiner ?
P.R. Oui, c’était plaisant de dessiner ces scènes et de regarder quelques épisodes un peu désuets aussi. 



Avez-vous fait des recherches sur ces tournages ? L’anecdote sur les épées non mouchetées est exacte ?
P.R. On a tous les deux fait des recherches sur les tournages. J’avais par exemple besoin de voir à quoi ressemblaient les caméras de l’époque. Pour les épées, ça, c’est un apport de Roger. Il me semble que c’est vrai, mais le mieux serait de lui poser la question…



D’un point de vue technique, vous travaillez sur tablette graphique ?
P.R. Je fais toujours mes crayonnés sur papier. J’aime cela. Ensuite, je le scanne et je fais le reste à la tablette graphique, tout en faisant mes arrière-plans à l’acrylique, histoire de ne pas faire du 100% numérique et que ce soit un peu moins mécanique. J’ai fait ce choix pour une question de confort de travail, du côté pratique de la chose.



Tout l’album est colorisé avec une teinte sépia. C’est uniquement pour lui donner un côté rétro ?
P.R. Non. Ça, c’est un plus. En fait, comme ça se passait l’été à Los Angeles, il me fallait une couleur chaude que je puisse décliner facilement en nuances nécessaires pour l’ambiance de l’histoire. Si je fais une histoire qui se passe l’hiver dans la neige, j’irais vers une gamme de bleu et de gris.

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Vos personnages ont un petit côté cartoon…
P.R. Je ne veux pas faire du dessin réaliste, car ça m’intéresse peu. Je ne fais des choses réalistes que quand je dessine dehors, des croquis d’après nature, sinon, je cherche toujours un biais graphique, semi-réaliste. Maintenant que ce soit cartoon, c’est possible, mais je ne cherche pas forcément ce résultat.

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Quel a été votre modèle pour dessiner le héros Jimmy White ?
P.R. Pour Jimmy, c’était compliqué. Il fallait qu’il soit crédible comme doublure de Zorro. Donc qu’il lui ressemble un peu. Moustache obligatoire !



Aimez-vous en général vous inspirer de personnages réels ?
P.R. Pas spécialement.

Est-ce que cela a été davantage le cas sur cet album ?
P.R. Oui, mais très vite, je me suis attaché à les faire comme je me les représentais, me détachant du personnage réel pour n’en garder qu’une impression générale. Ils sont la plupart du temps hors tournage, donc sans les costumes. L’impression qu’ils donnent n’est pas la même.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Balle tragique pour une série Z » par Roger Seiter et Pascal Regnauld. Glénat. 17 euros.

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