Une journaliste de « Charlie Hebdo » mise à pied

Zineb El Rhazoui a été convoquée à un entretien préalable à un licenciement. Une « mesure punitive » selon elle.

Sociologue des religions, scénariste de « La Vie de Mahomet » (dessins de Charb) et journaliste à Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui a été mise à pied et convoquée pour un entretien préalable à un licenciement pour faute grave le 26 mai 2015. Dans une interview au Monde, elle a indiqué ne pas comprendre le motif de cette convocation, tandis que la direction du magazine se contente d’évoquer « de nombreux incidents » et précise qu’il ne s’agit pas en fait d’un licenciement effectif mais d’un entretien destiné à la « rappeler à ses obligations minimales vis-à-vis de son employeur ». Selon France Info, la direction reprocherait à Zineb El Rhazoui, ses absences et des articles qui ne seraient pas rendus à temps.

La journaliste franco-marocaine qui se dit menacée par les djihadistes et vit sous protection policière dans des chambres d’amis ou à l’hôtel a expliqué de son côté au Monde ne pas avoir pu travailler normalement depuis les attentats de janvier : « On ne peut pas me reprocher d’aller mal. (…) On vit dans des conditions chaotiques ». « Convoquer des membres de l’équipe qui sont encore dans des souffrances incroyables, c’est méchant et déloyal» a renchéri l’urgentiste Patrick Pelloux.

Pour Zineb El Rhazoui, cet entretien est surtout une « mesure punitive » alors qu’en avril dernier, quinze membres de Charlie Hebdo – dont elle-même – ont signé une tribune dans Le Monde dans laquelle ils expliquaient que pour « échapper au poison des millions » (au total, entre les ventes, abonnements, dons et aides publiques, le journal aurait récupéré près de 30 millions d’euros, ndlr) , il fallait « remettre à plat l’architecture de » Charlie » en recourant à une forme de société coopérative » et en abandonnant « le statut d’entreprise commerciale ». « Nous refusons que le journal, devenu une proie tentante, fasse l’objet de manipulations politiques et/ou financières, nous refusons qu’une poignée d’individus en prenne le contrôle, total ou partiel, dans le mépris absolu de ceux qui le fabriquent et de ceux qui le soutiennent », s’alarmaient alors les membres du journal satirique, détenu à 40% par les parents de Charb, à 40% par Riss et à 20% par Eric Portheault.

« Le poison des millions » divise « Charlie Hebdo »

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