Mathieu Salvia: « Il est toujours possible d’innover »

Avec « 7 héros », le scénariste Mathieu Salvia place des retraités aux pouvoirs extraordinaires sous haute surveillance. Une surprenante BD franco-belge aux allures de comics, où l’expérience triomphe sur la force.

Vu que c’est votre premier scénario, est-ce que vous pensiez à cette histoire depuis longtemps ?
Mathieu Salvia. Étrangement, non. Lorsque j’ai pris la décision de tenter ma chance et de démarcher les éditeurs, j’avais plusieurs scénarios embryonnaires dans mes tiroirs et quelques-uns plus avancés, mais aucun ne me semblait suffisamment abouti. Je ne sais plus exactement comment m’est venue l’idée de raconter les aventures d’un groupe de super-héros à la retraite, mais je me souviens très bien avoir écrit le premier jet très rapidement. Je me suis dit que c’était bon signe.

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Pourquoi des super-héros ?
M. S. Aucune raison particulière. Je ne suis pas un grand fan de ce type de récit et ma culture en la matière est assez limitée. Ce qui m’attirait sur le moment, c’était l’idée de plonger des personnes extraordinaires – des personnages de comics US – dans le monde réel. Que feraient-ils de leur capacité ? Et surtout, comment le reste du monde les traiterait ? J’ai donc imaginé Gerardo, l’archétype du super-héros. Mais il lui fallait un opposé, un contraire. Et j’ai pensé à Hector. Le reste s’est bâti autour de leur rencontre. Quant aux pouvoirs, ils n’avaient que peu d’importance. Ce qui m’intéressait surtout, c’était de jouer avec leurs défauts.

C’est un genre peu courant dans la BD franco-belge. Est-ce que votre nouvelle génération d’auteurs pourrait renouveler la donne ?
M. S. Encore une fois, je ne me sens pas légitime pour parler de ce genre très particulier et codifié. Ma culture en la matière est beaucoup trop limitée. D’une manière générale, peu importe le genre dans lequel s’inscrit une histoire, je suis convaincu qu’il est toujours possible d’innover. Si l’originalité ne se situe pas dans l’idée de départ ou les différents développements, alors peut-être se trouve-t-elle dans le traitement, l’ambiance ou l’univers. L’essentiel est d’essayer, et d’y croire.

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Vos héros rappellent les X-Men, les 4 Fantastiques ou les Watchmen. Ce sont vos principales références ?
M. S. À peu près (sourire). Je connais assez peu les X-Men et je ne suis pas un grand fan des 4 Fantastiques, mais j’adore effectivement Watchmen. Je lis aussi régulièrement des Batman. C’est un personnage fascinant et complexe que j’adore. Je suis, par exemple, un immense fan de « La Cour des Hiboux » de Snyder et Greg Capullo. À l’inverse, je n’ai jamais accroché à Superman.

Pourquoi avoir opté pour des retraités ?
M. S. Je pense qu’il y a de nombreuses raisons. La volonté de surprendre le lecteur, certainement. Mais également l’idée de donner vie à des personnes usées par la vie et abandonnées par leurs forces. L’envie également de faire triompher l’expérience sur la force brute. Peut-être, enfin, que de manières inconscientes, j’ai été influencé par le formidable « Cohen le Barbare » de Terry Pratchett.

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Est-ce qu’une suite est envisageable ?
M. S. Il faut poser cette question à mon éditeur (sourire). Plus sérieusement, je ne pense pas. Cette histoire est désormais un « 7 » et comme les autres « 7 », elle se suffit à elle-même. Hector et ses compagnons ont eu leur lot. Ils ont le droit à un peu de tranquillité désormais.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« 7 héros » de Mathieu Salvia et Romain Huet. Delcourt. 15,50 euros.

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