YALLAH BYE

Une famille franco-libanaise se retrouve piégée dans le sud Liban au moment où éclate un nouveau conflit avec israël à l’été 2006. Un témoignage romancé mais crédible sur l’angoisse des civils impuissants.

Eté 2006. Comme tous les ans, les El Chatawi retrouvent Tyr au sud Liban pour les vacances. Mais ils sont à peine arrivés que la situation tourne au cauchemar: la capture de deux soldats israéliens à la frontière libanaise déclenche la réplique d’Israël au nom de la lutte contre le Hezbollah. S’ensuit alors plus de 150 pages faites d’angoisse, de coupures de courant, de manque de nourriture, d’explosions, de maisons détruites et de morts en espérant une providentielle évacuation…

L’histoire de la famille El Chatawi est en partie romancée mais le contexte historique est authentique et le scénariste a puisé dans sa culture et le souvenirs des siens puisque Joseph Safieddine est né en France dans une famille franco-libanaise qui partage sa vie entre Beyrouth, Tyr et Paris. Le résultat est donc logiquement très crédible et cette immersion aux côtés de la famille franco-libanaise stressante. Mais au delà de la sensation d’être pris au piège et en danger, Safieddine s’intéresse également à un conflit antérieur avec Israël: dans les années 80, Mustapha, le chef de famille alors tout jeune, avait voulu combattre mais son père l’avait exilé en France. Rongé par la culpabilité, que fera Mustapha cette fois? L’album aurait cependant gagné à être un peu plus court car les situations sont récurrentes même si, avec son trait réaliste et expressif, le dessinateur coréen Kyungeun Park parvient à varier les plans et la mise en scène.

« Yallah Bye » se termine par un cahier reprenant l’histoire du Liban sur près d’un siècle, des photos de la soeur et de la mère de Joseph Safieddine prises en 2006 et le carnet de voyage de Kyungeun Park dans le pays pour y réaliser des esquisses.

Le Lombard

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