URIEL SAMUEL ANDREW

Le traumatisme de la guerre d’Irak sur les vétérans américains mis en scène. Un roman graphique documenté et convaincant.

U comme Uriel, S comme Samuel, A comme Andrew. Soit les prénoms de trois soldats américains originaires de la même ville qui rentrent de mission en Irak. Mais passé l’accueil triomphal, le retour à la vie civile ne se passe pas vraiment comme prévu…

Après « Bloody September » ou « In the name of », le Français Will Argunas nous plonge une nouvelle fois dans la culture nord-américaine via un dessin en noir et blanc maîtrisé. Le postulat de départ est tiré d’une réalité dramatique: plus de 20% des vétérans ayant combattus en Afghanistan ou en Irak reviennent durablement affectés par un syndrome de « stress post-traumatique ». Selon le ministère des Anciens combattants, dix-huit vétérans se suicident même chaque jour, plus que le nombre de morts sur le terrain.

Le sujet n’est pas facile à mettre en scène mais Argunas s’en sort très bien. L’analyse politique sur l’engagement américain en Irak est laissée de côté au profit des conséquences humaines. Les difficultés de réadaptation des militaires sont bien cernées, on sent que le Lillois connait son sujet: hallucinations, difficulté à adhérer aux mêmes valeurs que les autres, peur panique incontrôlable, etc, l’album dresse un panorama assez large du syndrome en s’insinuant dans la tête de personnages principaux d’origines sociales diverses. Le cas des soldats qui reviennent estropiés ou morts est également évoqué. « Uriel Samuel Andrew » forme une récit psychologique convaincant.

Casterman

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