TRUST – Tome 1. Shanghaï fusion

Un thriller économique et financier hyper-réaliste au coeur de la nouvelle Chine. Un récit clair et documenté mais froid et terriblement classique.

Une jolie eurasienne lisant le Financial Times suivie par des hommes en noir dans les rues d’une ville chinoise. La couverture résume bien l’idée de cette nouvelle série: un thriller financier. Franco-chinoise vivant à Paris, Shan est en effet envoyée à Shanghai par son patron pour négocier le rachat de sa société Future Green, une entreprise internationale de haute technologie. Mais dans une opération où tant de millions sont en jeu, tous les coups sont permis.

Autour de « Trust », il y a pas moins de deux dessinateurs et deux scénaristes dont Michel Fleuriet qui est un spécialiste reconnu de la finance et des banques d’investissement. Une équipe impressionnante pour une BD qui l’est nettement moins. Certes techniquement parlant, il n’y a rien à redire du côté des montages financiers, enrichissements suspects et autres détournements de fonds, etc. On sent les connaisseurs et les amateurs de « Largo Winch » retrouveront avec plaisir l’univers des dollars et des costume-cravates, répliques cinglantes et pointe d’érotisme à la clé.

En revanche, le récit est des plus linéaires et l’idée sous-jacente d’une jeune fille biculturelle qui revient malgré elle dans le pays de son enfance ne débouche finalement sur pas grand chose. Le scénario est simple à comprendre (une bonne chose dans le genre économico-financier) mais nombre d’événements sont prévisibles, notamment l’ombre du père de Shan qui plane comme un mystère sur tout l’album alors qu’on découvre vite le pot aux roses.

Le dessin est lui aussi ultra classique. Pas de défauts de proportion mais des visages froids, sans âme, pas vraiment typés asiatiques d’ailleurs. Dans cette Chine certes en pleine mutation et partie dans une course effrénée à la modernisation, le décor est aseptisé de la même façon: avec ces rues sans aucun vélo comme lustrées de près, Shan pourrait tout aussi bien se promener dans les rues d’une métropole européenne. Le lecteur qui espérait tout de même un peu d’exotisme reste donc sur sa faim à moins de se satisfaire de la seule plastique de Shan. Quand à la colorisation, la débauche de bleu, rose, jaune ou vert flashy n’est pas faite pour enjoliver les planches…

Casterman

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