TRAITÉ COMME UNE BÊTE
L’histoire véridique d’une figure de l’opposition à la dictature sud-coréenne, emprisonné et torturé pendant 22 jours en 1985. Glaçant.
Sous-titré « Compte rendu des 22 jours de captivité de Kim Keun-Tae », ce lourd pavé à la couverture ultra sobre traite d’un sujet méconnu chez nous: le parcours de l’un des principaux leaders du mouvement démocratique coréen dans les années 80. En lutte contre le régime dictatorial de l’époque, il fut emprisonné à Namyeongdong en septembre 1985 et torturé. Dans le manhwa de Park Kun Woong (« Le livre de Jessie »), l’intérêt n’est pas tant l’histoire de la Corée que le récit d’une torture institutionnalisée, capable de broyer n’importe quel être humain.
Après une première partie de mise en place du personnage et du contexte, « Traité comme une bête » plonge le lecteur dans l’horreur la plus pure, renforcée par des planches en noir et blanc au trait charbonneux oppressant, dès lors que Kim Keun-Tae est arrêté et conduit au centre d’interrogation. Supplice de la baignoire, par l’électricité, au piment etc, les tortures infligées sont précisément décrites, tout comme la douleur insoutenable ressentie, ses liens avec les bourreaux et les séquelles psychologiques qu’il gardera de ces 22 jours de cauchemar. Le récit est glaçant, le malaise permanent. Le roman graphique se conclut par quelques photos du centre de Namyeongdong, un glossaire historique, une lettre de la femme Kim Keun-Tae et une page expliquant les séquelles physiques et psychologiques que conservera sa vie durant le leader coréen, condamné après ses « aveux » à cinq ans d’emprisonnement pour violation de la loi sur la sécurité nationale, devenu plus tard ministre de la Santé.
Dessin et scénario: Park Kun Woong – Editeur: La Boîte à bulles – prix: 30 euros.