TERRE GÂTÉE – Tome 1. Ange, le migrant
Un homme revient miraculeusement du désert, s’attirant la suspicion des villageois qui voient en lui un migrant de plus. Début mitigé d’une histoire en quatre tomes conçue comme un western africain contemporain.
Quand venu du désert, il débarque mal en point au village, les Natifs et le sorcier du village ont peu d’égards pour celui qu’il pense être un migrant. Le pasteur, lui, le surnomme « Ange » car personne avant lui n’était revenu vivant du désert. Une fois rétabli, Ange trouve du travail sur un chantier dirigé par Claudia, une rude femme d’affaires.
Des Natifs qui avancent sur les terres africaines au fur et à mesure que les infrastructures se développent, un saloon et ses prostituées, des paysages arides, l’attaque des « Errants » aux peintures de guerre qui voient leurs territoires se réduire, … A travers le beau trait réaliste de Christian de Metter (« Le sang des valentines », « Shutter island »), « Terre gâtée » se veut une sorte de western transposé au coeur de l’Afrique contemporaine et surtout une fable autour de la crise des migrants. Ces migrants de passage toujours plus nombreux à tenter le départ vers l’Europe et qui en attendant se retrouvent exploités sur le chantier… La lecture, au fil de ce premier tome, n’est pas désagréable même si on sent venir de loin la classique erreur judiciaire d’une part et le drame skakespearien de l’autre. Plus frustrant ici est la difficulté de plonger pleinement dans le récit comme si dans leur volonté de transmettre un message universel, Marguerite Abouet (« Aya de Yopougon », prix du Premier album au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2006) et le réalisateur de télévision Charli Beléteau, avaient un peu oublié de donner de l’épaisseur à leurs personnages, installés dans un village et un pays sans nom. Les trois opus suivants viendront peut-être corriger ce défaut.
Dessinateur: Christian De Metter – Scénaristes: Marguerite Abouet et Charli Beleteau – Editeur: Rue de Sèvres – Prix: 16 euros.