ROSALINDE – Contre-attaque (sévère)
Une vieille espionne et une bimbo botoxée que tout oppose tentent de sauver le monde de l’invasion d’aliens. Un album atypique et déjanté.
Ancienne espionne menant une petite vie tranquille, Rosalinde assiste à l’invasion de la Terre par des extraterrestres à tentacules. Il n’en fallait pas plus pour endosser la tenue de combat et partir à l’assaut armes à la main, accompagnée de Muchu, blonde pulpeuse qui connut intimement le mari défunt de Rosalinde. Une histoire d’ovnis, quoi de plus normal lorsque la bande dessinée de 140 pages que l’on tient entre ses mains est elle-même un véritable ovni?!
On ne sait pas où Thomas Cadène (l’auteur de « Regards croisés » avec Aris) est allé chercher tout ça mais le garçon a de l’imagination. A première vue, « Rosalinde » est du grand n’importe quoi psychédélique qui bouge dans tous les sens (énergie et mouvement sont d’ailleurs les maîtres mots du récent label KSTR) et dont le trait crayonné simpliste risque de rebuter les amateurs d’un dessin plus classique.
Mais rapidement, on s’attache à ces drôles de personnages au look et à la personnalité uniques entre la naïve et entêtée Rosalinde au seins aussi gracieux que de vieux gants de toilette et les lèvres gonflées au Botox de Muchu, blonde à la fois lucide et frivole. Bref, des héroïnes aussi bien campées que le scénario qui se déroule avec cohérence et suit une Rosalinde sauveuse de l’humanité, reléguée au rang de symbole et manipulée par un pouvoir bien décidé à profiter de la reconstruction de la planète pour instaurer une dictature… Derrière ce récit déjanté et rigolo, la réflexion sur la politique, les sondages et les médias est là, évidente. Une bien belle trouvaille que cet album.