RETOUR À TOMIOKA
Road-trip de deux enfants pour rapporter les cendres de leur grand-mère au cœur de la zone irradiée par la catastrophe de Fukushima. Un récit poétique mêlant réalisme et fantastique.
La famille d’Osamu fait partie des victimes du tsunami de 2011 au Japon et de la catastrophe nucléaire de Fukushima qui a suivi: ses parents ont été tués par la vague, sa grand-mère Bâ-chan, sa soeur Akiko ont été contraints de quitter leur maison dans la zone contaminée. Mais alors que sa grand-mère décède deux ans après, le garçon décide de braver les autorités et de retourner déposer ses cendres au pied de l’autel familial à Tomioka, au coeur de la zone interdite.
« Retour à Tomioka » a d’abord été pensé pour un long-métrage d’animation en 2D dont la production est d’ailleurs toujours en cours. L’adaptation en BD toujours scénarisée par Laurent Galandon mais dessinée par Michaël Crouzat (issu du monde du dessin animé et qui signe ici son premier album), est un récit à hauteur d’enfant. Un dangereux road-trip au coeur d’un Japon traumatisé par la catastrophe, encore physiquement visibles. En se basant sur des témoignages, des lectures et des photos prises par le scénariste, le dessinateur retranscrit l’ambiance d’une zone abandonnée livrée à la nature dans un découpage très cinématographique.
Mais le fantastique est aussi à l’honneur dans cette histoire plus orientée jeunesse: les yokaï, ces fameuses créatures surnaturelles malfaisantes ou malicieuses essentielles dans le folklore japonais sont tout du long aux côtés d’Osamu qui peu les voir.
L’ensemble est sensible et poétique et davantage qu’un plaidoyer antinucléaire parle de deuil et d’espoir qui renaît.
Dessinateur: Michaël Crouzat – Scénariste: Laurent Galandon – Editeur: Jungle – Prix: 19 euros.