NOTRE PART DES TÉNÈBRES
Des salariés licenciés de leur usine prennent en otage un paquebot rempli d’actionnaires riches et fêtards. Un thriller politico-social sur fond de lutte des classes.
La fête était fastueuse et promettait d’être inoubliable. Alors que les actionnaires de Mondial Laser fêtent le réveillon de la St Sylvestre sur un prestigieux paquebot, des pirates en prennent le contrôle. Et pas n’importe lesquels: d’anciens salariés licenciés après la fermeture de leur usine dont la production a été délocalisée.
A travers les planches réalistes aux teintes sombres d’Eric Liberge (« Le suaire »), l’écrivain Gérard Mordillat adapte ici son propre roman, un thriller socio-politique au discours radical dans une ambiance de casse du siècle à la « Casa de papel » et de catastrophe maritime à la « Titanic ». Passée la surprise quant à l’identité et l’objectif des pirates, le récit déroule un discours qui parle – la spéculation à tout crin au mépris des salariés, simples chiffres dans les bilans comptables; les vies brisées par les plans sociaux… – mais bavard et très caricatural pour mieux asseoir l’argumentation. Même si un sticker collé sur la couverture présente l’album comme « la BD de la révolte sociale », un peu de nuance dans le propos (qui compare notamment le capitalisme au nazisme et au stalinisme) aurait sans doute évité le côté artificiel des dialogues d’autant que les incroyables préparatifs de la prise d’otages, complicité militaire à l’appui, manquent aussi d’un peu de crédibilité.
Dessinateur: Éric Liberge – Scénariste: Gérard Mordillat – Editeur: Les Arènes BD – Prix:20 euros.