NIRAIKANAI, PARADIS PREMIER – Tome 1

Un premier volume intéressant mais complexe et fouilli. Destiné avant tout à un public féru de mysticisme et de mythologie japonaise.

Juin 1997, la station Mir a été détruite. Par quoi, par qui? Mikami Aragaki, étudiante en technologie aérospatiale, s’intéresse de près à l’accident d’autant que sa sœur a été retrouvée carbonisée quelques jours après, suite à la chute d’un objet non identifié dans la région d’Okinawa au Japon.

Du fait de son histoire à travers les siècles, l’archipel d’Okinawa occupe une place à part au sein du Japon. Sa nourriture, ses ethnies, sa culture et ses mythes lui sont propres. Aujourd’hui d’ailleurs ses habitants croient toujours en un paradis nommé Niraikanai au large des côtes et des festivals ont lieu chaque année pour saluer les dieux.

Cette région, située au sud du pays, était donc le cadre idéal pour bâtir un scénario fantastique. L’univers a priori réaliste – un Japon contemporain, un développement technologique et spatial familiers au lecteur – fond en effet très vite au profit d’une aventure étrange, chamaniste, mêlant mythe et mysticisme. Les premiers démons ne se font pas attendre et la jeune étudiante va faire appel à des personnages hors du commun: une adolescente surpuissante pratiquant le Sappo (un art de combat aux poings hérité du sabre) et un «maître du son» aveugle qui d’un simple tintement des bagues qu’il porte aux doigts peut tuer les kamis maléfiques (des divinités du Shinto, forces spirituelles positives ou négatives aux pouvoirs immenses). Okada intercale également au milieu de l’histoire principale quelques chapitres qui se passent apparemment dans le Japon médiéval et regorgent de créatures maléfiques.

Toutes ces histoires de dieux, de malédictions et d’anciennes civilisations (le lecteur est transporté jusqu’au Machu Picchu, au Pérou) sont obscures et l’on n’arrive pas à rentrer tout de suite dans le manga. Il faut dire que la lecture est un peu laborieuse: les scènes de combats sont trop fouillis, et l’on a parfois du mal à comprendre qui est en train de faire quoi. De plus, un peu partout dans les pages, le manga est parsemé de poèmes ou de citations traduits ou non en français. Parfois même, la version originale cohabite avec la traduction dans la même bulle! Il faut dire que le travail de l’éditeur n’a pas dû être facile. En partie écrit en dialecte d’Okinawa pour plus d’authenticité, le manga se devait de conserver cette spécificité dans la version française.

L’impression de ce premier volume de « Niraikanai » est donc mitigée. Pourtant, en s’accrochant, on finit par rentrer un peu dans cette histoire sombre que quelques scènes d’humour viennent alléger. Il ne faut pas manquer en tout cas la lecture du dossier consacré à l’archipel d’Okinawa en fin de volume qui apporte un éclairage très intéressant et qui finalement relance l’intérêt pour cette histoire.

Delcourt

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