NÉO FAUST

Un scientifique japonais accepte de vendre son âme au diable en échange d’une seconde jeunesse. Une relecture, inachevée mais forte, du « Faust » de Goethe par un Osamu Tezuka grièvement malade.

« Néo Faust » est un ouvrage particulier à plus d’un titre. D’abord parce qu’il s’agit d’un épais pavé de plus de 424 pages au format 15,5x22cm, ensuite parce que c’est rien moins que la troisième adaptation par Osamu Tezuka du chef d’oeuvre de Goethe, après « Faust » (1950) et « Lion books » (1971). Et puis surtout, « Néo Faust » est une oeuvre inachevée. La dernière du mangaka avec « Gringo » et « Ludwig B », dont on dit qu’il est décédé en les dessinant depuis sa chambre d’hôpital.

Nous sommes en 1970 dans un Japon secoué par des manifestations étudiantes sur fond de guerre du Vietnam. Loin de ces préoccupations, le professeur Ichinoseki se désespère de ne pas être parvenu à percer les secrets de l’univers malgré sa vie passée au service de la science. Alors qu’il pense au suicide, Méphistophélès, envoyée du diable, apparaît et lui fait signer un contrat qui stipule qu’en échange de son âme, il a droit à une nouvelle vie. Il est alors renvoyé en 1958, dans un corps de jeune homme mais la mémoire effacée. Pris sous son aile par un patron corrompu, renommé Daiichi, il hérite alors d’une immense fortune, lui permettant de réaliser son rêve: recréer Adam et Eve…

Davantage tourné à la fin de sa vie vers des mangas plus sombres, plus adultes (« L’histoire des 3 Adolf », « Ayako »), Tezuka en transposant le mythe de Faust dans la société contemporaine se penche ici sur les mystères de la création, la brièveté de la vie et les dangers de la biotechnologie tout en dénonçant la vanité des hommes. Prévu en trois parties, seule la première est malheureusement complète. L’album édité par Flblb propose ensuite une dizaine de planches storyboardées où seules des silhouettes et le texte apparaissent… Jusqu’à cette dernière case, totalement vide. Le 9 février 1989, Ozamu Tezuka disparaissait, emporté par un cancer de l’estomac. Bien qu’inachevé, « Néo Faust » est une oeuvre dense et passionnante, au dessin impeccable et à la narration efficace et maîtrisée dont l’originalité est notamment de constituer un récit cyclique, avec une répétition de l’histoire sous un angle différent. A découvrir.

Dessin et scénario: Osamu Tezuka – Editeur: Flblb – Prix: 20 euros.

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