NAPLOUSE – Tome 1

Le conflit israélo-palestinien vu des territoires occupés. Une BD coréenne pro-palestinienne qui aurait gagné à plus de subtilité.

C’est une oeuvre plutôt inattendue de la part d’une dessinatrice coréenne que nous propose la collection de manhwas de Casterman: une jeune Coréenne et un ami photographe américain découvrent le quotidien des Palestiniens à travers Nasser, un jeune homme passionné de peinture, et Hannadine, une enseignante dont le fiancé a été tué par les Israéliens.

Le sujet est grave et l’album paru au Japon en 2006 n’a malheureusement rien perdu de son actualité un an après. Le conflit israélo-palestinien vu du côté des territoires occupés n’est pas sans rappeler « Palestine » de Joe Sacco. Mais là où le dessinateur avait effectué un vrai travail journalistique en se rendant dans la région de fin 1991 à début 1992 pour une série d’interviews, Kim Bo-hyun n’y a elle jamais mis les pieds. Outre un travail de recherches documentaires, elle a surtout beaucoup discuté avec Oh Soo-yeon, auteur d’un essai remarqué en Corée sur le conflit et ouvertement pro-palestinienne.

Le résultat est un récit – prévu en deux volumes – bien mené mais qui manque donc singulièrement de recul, chose qu’avait réussi à faire Sacco même s’il présentait lui aussi les Palestiniens comme des victimes. Sans vouloir nier le poids des brimades, des privations et des violences quotidiennes vécues par la population, « Naplouse » aurait certainement gagné en crédibilité si Kim Bo-hyun avait évité d’afficher un trop grand manichéisme dans ce conflit complexe et une certaine « indulgence » pour les attentats suicide. Une position que la dessinatrice coréenne assume parfaitement en tout cas dans une interview donnée en fin d’album.

Casterman

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