MANARA – Tome 9. L’Odyssée de Giuseppe Bergman
Les aventures de Giuseppe Bergman sur les traces d’Ulysse. Un récit signé Manara davantage onirique qu’érotique.
Giuseppe Bergman a de la chance. Alors qu’il était tombé à la mer en plein milieu de l’océan, il est recueilli par un voilier. A son bord, outre la navigatrice, deux personnages qui ne semblent pas être en possession de toutes leurs facultés mentales: l’un – une jeune femme affublée d’un phallus artificiel – se prend pour l’hermaphrodite, né d’Hermès et d’Aphrodite, l’autre pense être la réincarnation d’Ulysse et veut refaire son voyage car, croit-il, l’Odyssée est en fait un récit initiatique capable de dévoiler prophétiquement le futur. Pour couronner le tout, Giuseppe commence lui aussi à avoir des visions: le véritable Ulysse en personne lui apparaît et lui offre son casque qui lui permettra de voir ce que lui-même a vu.
Ce nouveau chapitre de l’odyssée de Bergman est le premier publié chez Les Humanoïdes Associés qui devraient rééditer l’ensemble de la série. On retrouve avec plaisir l’érotisme de l’auteur du «Déclic», ses personnages féminins dénudés, au corps parfait et aux poses suggestives, et ses allusions coquines. Pour l’anecdote, l’album est actuellement publié en noir et blanc dans le magazine «Bodoï» mais dans une version plus soft puisque le phallus artificiel de l’hermaphrodite a tout bonnement disparu! Les jeunes femmes nues n’ont pas été rhabillées en revanche.
De toute façon, en version censurée ou en version originale, l’érotisme de «L’odyssée de Giuseppe Bergman» n’a rien de débridé et reste très gentillet.
Ici c’est surtout de la poésie qui se dégage du récit. Car l’aventure vécue par les héros est surtout intérieure. Transportés en pensée dans la mythologie, aux côtés des compagnons d’Ulysse, ils revivent quelques-uns des célèbres épisodes racontés dans l’Odyssée d’Homère. Graphiquement, Manara nous offre d’ailleurs des planches en couleurs magnifiques mettant en scène le monstre Scylla à six têtes, les vagues déferlant comme une horde de chevaux ou les sirènes à pattes et têtes d’oiseau, etc.
La plongée de Bergman dans la mythologie grecque est aussi l’occasion pour Manara de délivrer un certain nombre de messages sur l’écologie et l’absurdité de la guerre en particulier. C’est un peu moralisateur mais cela s’intègre plutôt bien dans le récit malgré tout. On est donc prêt à suivre Bergman et Skipper, la capitaine du voilier jusqu’à Ithaque, prochaine étape du voyage.