L’ÉTÉ DIABOLIK
Un mauvais perdant, un adolescent amoureux, un père au comportement étrange, puis qui disparaît… Un roman graphique à la mode sixties très réussi.
Après « Souvenirs de l’empire de l’Atome », les auteurs remontent encore le temps et passent des fifties aux sixties, à l’été 1967 plus exactement. Antoine, 15 ans, remporte un petit tournoi de tennis contre Erik. Mais le résultat ne semble pas au goût du père d’Erik qui s’en prend alors à Louis, père d’Antoine. Cet incident aurait pu en rester là mais il va être le point de départ d’une succession d’évènements bizarres…
Et c’est dans une intrigue en deux parties (l’une en 1967, l’autre 20 ans plus tard) en forme de puzzle dans laquelle nous plongeons, un puzzle dont les pièces ne trouveront vraiment leur place qu’en toute fin d’album. Les 168 pages sont très prenantes, entre thriller et récit d’espionnage, entre référence à l’assassinat de Kennedy et allusions au KGB et à la Seconde Guerre mondiale. Mais « L’Eté Diabolik » ne serait sans doute pas aussi réussi sans le remarquable travail graphique de Clérisse. Né en 1980, il joue pourtant à la perfection avec les couleurs gaies des années 60, les lignes fluides et même le psychédélisme des trips délirants sous LSD. Une ambiance rétro réalisée sous Illustrator qu’on retrouve également dans les nombreuses références au magazine Pilote ainsi que dans le titre de l’album puisque que Diabolik est le héros masqué d’un célèbre fumetti, créé en 1962 par les Italiennes Angela et Luciana Giussani, dont Smolderen, en grand fan, a repris ici quelques attributs (masque au regard impitoyable, Jaguar…). Bref, « L’Eté Diabolik » est un album pop et choc particulièrement réjouissant.
Dessinateur: Alexandre Clérisse – Scénariste: Thierry Smolderen – Editeur: Dargaud – Prix: 21 euros.