LA CAGE AUX CONS

Appâté par le pognon, un con se retrouve piégé par un bourgeois manipulateur. Un polar jubilatoire à l’humour noir bien senti.

C’est bien connu, on est toujours le con de quelqu’un. Le narrateur – dont on ne connaîtra jamais le nom – de cette adaptation du roman de Franz Bartelt « Le jardin du bossu » croyait pourtant avoir trouvé le con idéal: un type complètement ivre racontant à qui veut bien l’entendre qu’il garde des millions dans une commode de son salon. Le genre d’infos qui ne tombent pas impunément dans l’oreille d’une petite frappe qui espère ainsi retrouver les faveurs de l’amour de sa vie en revenant à la maison les poches pleines de pognon. Mais une fois dans la maison du « con », c’est face à un homme élégant, courtois mais armé qu’il se retrouve…
Ils nous avaient déjà emmenés dans les coulisses de Matignon avec « Désintégration », Matthieu Angotti et Robin Recht nous font entrer ici dans le pavillon d’une banlieue miteuse pour un presque huis-clos tout en faux-semblants. Sur des planches semi-réalistes au trait charbonneux qui plantent le décor d’un polar glauque, l’intrigue qui commence de manière classique vire à l’absurde, le dindon de la farce hésitant sans cesse entre désir de fuite et soumission. Un paradoxe mis en scène à travers des scènes bien construites et drolatiques, servies par de truculents dialogues dans l’esprit d’Audiard où un anti-héros au physique du Coluche de « Tchao Pantin » un peu beauf mais poète, « basé sur une idée de gauche », donne la réplique à un bourgeois cultivé, manipulateur et psychopathe… Le résultat est savoureux et ce ne sera pas prendre les gens pour des cons que de dire que cette « Cage aux cons » là offrira aux amateurs de polar et d’humour noir une lecture jubilatoire.

Dessinateur: Robin Recht – Scénariste: Matthieu Angotti, d’après Franz Bartelt – Editeur: Delcourt – Prix: 18,95 euros.

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