FIGUREC

Les démêlés d’un trentenaire avec la société Figurec, spécialisée dans la figuration à grande échelle. Jubilatoire. Paranoïaques s’abstenir!

Hypothèse: vous voulez aller au restaurant et vous avez le choix entre deux établissements, l’un désespérément vide, l’autre franchement plein. Dans lequel allez-vous entrer?… Il y a de fortes chances pour que ce soit le premier. La masse attire la masse et cela la société Figurec l’a bien compris. Son credo, louer des figurants professionnels pour apparaître à la terrasse des cafés, au supermarché, dans les manifestations syndicales, les enterrements et même dans les repas de famille. Lorsqu’il découvre par hasard l’existence de cette société, un jeune auteur de théâtre célibataire et en panne d’inspiration voit là le moyen d’en mettre plein la vue à ses proches. Mais il va l’apprendre à ses dépens: le mensonge n’est pas si facile à contrôler.

Cette drôle d’idée est d’abord née de l’imagination de Fabrice Caro dont le premier roman « Figurec » est paru chez Gallimard l’an dernier. En adaptant l’ouvrage en bande dessinée, Christian De Metter y a posé sa patte particulière: un dessin à l’aquarelle et des teintes audacieuses en couleurs directes d’une part; d’autre part, un découpage qui prend son temps, s’attarde sur un sourire, s’attache au drame intérieur que vivent les personnages et semble les saisir dans leur intimité.

Peu à peu l’étau se resserre autour du malheureux héros qui se noie dans ses mensonges, perd pied avec la réalité et finit par flirter dangereusement avec la folie. Les rebondissements s’enchaînent, jubilatoires. Seul le dénouement final, par l’ampleur du « complot » révélé, a du mal à convaincre et fait malheureusement perdre du crédit à une histoire qui aurait de quoi rendre paranoïaque le plus serein des hommes.

A lire également dans le même genre mais dans un tout autre style graphique, « Comme tout le monde » de Spiessert , Lapière et Renders (Dupuis): un parfait Monsieur Tout le Monde entouré d’employés d’une société de marketing scrutant ses moindres faits et gestes. Cette histoire avait fait l’objet d’un film sorti en juin 2006. Un long métrage tiré de « Figurec » serait également dans les tuyaux.

Casterman

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