CONVOI

Dans une France post-apocalyptique, un convoi de mercenaires est chargé de livrer des stocks de médicaments. Un road trip à grand spectacle, explosif et délirant.

Après un road-movie mystique à la frontière américano-mexicaine (« Mezkal »), Jef et Stevens nous embarquent dans un road trip dystopique post-apocalyptique. Nous sommes en 2074, les catastrophes climatiques et nucléaires sont passées par là et la France ne ressemble plus à rien. Une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux accepte de convoyer un chargement de médicaments du Havre à Marseille, accompagnée d’une hétéroclite équipe de têtes brûlées. Un périple à travers des étendues désormais désertiques et polluée qui ne sera évidemment pas de tout repos…

Certes « Convoi » n’a pas l’intrigue la plus complexe qui soit – il s’agit ni plus ni moins que d’aller d’un point A à un point B avec au passage certains ressorts scénaristiques déjà vus – mais pour peu que les dialogues grossiers ne vous rebutent pas, vous ne regretterez pas ce voyage mouvementé de 132 pages. Car ce qui vous attend, c’est un one shot délirant à la MadMax avec des scènes d’action explosives, une bonne dose d’humour, une multitude de références (pop culture, cinéma, politique, etc), et des cadrages dynamiques. Des modèles réduits des bolides utilisés par le convoi ont d’ailleurs servi à contrôler le réalisme des angles de vue.
Mais le récit vaut aussi et surtout par ses personnages complètement barrés voire franchement cons mais courageux et attachants, aux trognes à la limite de la caricature: entre Alex, la cheffe méga burnée du convoi en talon aiguilles, Jean-Pascal de Parnicieux (dit Fonzy) hétéro-binaire-cisgenre au look de vieux rockeur, Jean-Michelle Jaquesson transgenre sous hormones armée de boules de geisha king size en acier de Tanzanie, ou encore les improbables frères Bogdonaff (la BD est d’ailleurs un hommage aux frères Bogdanoff disparus en 2021), pour ne citer qu’eux, la galerie de portraits est particulièrement savoureuse. Et on ne parle pas du pingouin en pataugas qui cause, clope au bec… Bref, un très bon divertissement.

Dessinateur: Jef – Scénariste: Kevan Stevens – Editeur: Soleil – Prix: 24,95 euros.

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