Polémique autour de « L’Immanquable »
En proposant 30 euros la page à des auteurs de BD, le mensuel a déclenché une polémique sur Internet.
Tout est parti d’un message envoyé par Frédéric Bosser, rédacteur en chef de L’Immanquable, magazine de prépublications de bandes dessinées lancé en janvier dernier. Celui-ci y cherchait en priorité des auteurs débutants ou des étudiants pour réaliser une histoire courte inédite de 4 à 8 pages. Le tarif? 30 euros la page, soit en-dessous du prix du marché…
Les réactions ne se sont pas faites attendre, les uns s’empressant de calculer le prix à l’heure (de 1,50 à 3 euros), les autres raillant la « générosité » du magazine, les autres encore s’interrogeant sur sa santé financière.
Face à la polémique, et juste avant de partir en vacances, Frédéric Bosser s’est vu contraint de publier sur Facebook un long message d’excuse et d’explication: « Au départ, l’idée était d’offrir des pages à des étudiants ou des auteurs débutants pour leur permettre de montrer leurs travaux à un moment où il est de plus en plus dur de proposer de nouveaux projets (beaucoup d’éditeurs en place ayant décidé de ne plus publier de premiers albums au vu de ventes décevantes) et donc d’être vus par la profession et les amateurs de BD. Ce mail était aussi destiné aux professeurs pour leur proposer un partenariat avec leurs écoles respectives (Saint-Luc, Angoulême, Strasbourg, etc.). Puis, emporté dans mon élan, j’ai envoyé à des connaissances ce même e-mail en leur demandant de faire suivre à des auteurs qui seraient dans cette situation tout en leur proposant d’éventuellement ressortir de leurs cartons, s’ils le souhaitaient, des histoires courtes condamnées à y rester. C’était comme une main tendue vers une profession qui souffre et qui est amenée à continuer de souffrir dans les mois et les années qui viennent. Je l’ai fait maladroitement, j’en conviens, et encore une fois, ce n’était pas du tout prémédité ni destiné à lancer un pavé dans la mare, bien au contraire. Et si j’ai proposé cette somme, c’est uniquement parce que c’est la seule possible dans notre économie actuelle et aucunement pour mépriser ou abaisser les auteurs, voire pour continuer à les paupériser comme l’ont écrit certains. C’est vrai que j’aurais dû, comme Hervé Bourhis l’a suggéré, annoncer que ce n’était pas payé, comme ça il n’y aurait pas eu cette levée de boucliers que je peux encore une fois tout à fait comprendre à un moment où il est important de défendre les auteurs qui sont la base de notre métier. »
Et le patron de L’Immanquable de préciser: « L’Immanquable est toujours dans sa fragile phase de lancement et les 30 000 euros alloués à celle-ci (il en aurait fallu cinq fois plus) ont d’ores et déjà été dépensés dans sa promotion. Aujourd’hui, les ventes en deçà de nos espérances nous obligent à envisager l’avenir avec prudence et à attendre avec une certaine angoisse le mois de novembre pour savoir si les ventes en kiosque, les demandes d’abonnement des particuliers et des institutions (médiathèques, bibliothèques…) et les éditeurs (via des achats d’espaces publicitaires) seront suffisants pour continuer ou pas cette aventure commencée en janvier dernier. Pour l’instant, ne nous leurrons pas, c’est du 50/50… »