Disparition de Jacques Martin
Le père d’Alix et Lefranc s’est éteint ce 21 janvier 2010, à l’âge de 88 ans.
Jacques Martin s’est éteint ce jeudi 21 janvier 2010 au matin, à l’âge de 88 ans. Né à Strasbourg en 1921, il avait découvert très tôt la bande dessinée au travers des grands albums allongés de « Buster Brown », par Richard F. Outcault, publiés chez Hachette. C’est au verso de ces pages qu’il fait ses premiers dessins ; la plupart représentant des avions (son père était aviateur) ou des personnages moyenâgeux.
Plus tard, étudiant les Arts et Métiers, il y reçoit un enseignement purement technique, une formation qui n’est sûrement pas étrangère à la rigueur obstinée dont Jacques Martin a fait preuve tout au long de son oeuvre et qui a proba-blement contribué à en faire l’un des trois principaux représentants de l’école dite « de Bruxelles », les deux autres étant Hergé et Jacobs.
Une demi génération sépare Jacques Martin de ses prestigieux aînés. Il ne commence à publier qu’à partir de 1946, dans l’hebdomadaire Bravo où il crée, un peu par hasard, « Monsieur Barbichou ». Durant les trois années qui suivent, il multiplie les collaborations éphémères avec des publications bruxelloises et wallonnes conjuguant l’art de la bande dessinée et celui de l’illustration. Jusqu’en 1948, il alterne les séries réalistes avec les séries humoristiques. Le premier récit à suivre, dessiné pour Bravo est « Lamar, l’homme
invisible » qui s’apparente fort à Flash Gordon dont les aventures paraissaient également dans l’hebdomadaire. Dans la foulée, il crée Œil de Perdrix, nouveau héros dont la première aventure, « Le secret du Calumet » fut directement publiée en album. Vers la même époque, il signe encore une autre série humoristique dont la première histoire s’intitule « Le Hibou gris »
et qui est prépubliée simultanément dans deux quotidiens belges. Reprise l’année suivante dans un hebdomadaire (Story), il lui donne une suite, « Le Sept de Trèfle » qui peut être considéré comme un premier brouillon de ce que sera « La Grande Menace ».
Jacques Martin pose ensuite sa candidature au Journal de Tintin. C’est en 1948, qu’il crée le personnage d’Alix, le proposant aussitôt à Raymond Leblanc, futur directeur du
Journal de Tintin. « Alixl’intrépide » paraît en feuilleton dans le journal des 7 à 77 ans, à partir du 16 septembre 1948.
L es trois premières aventures du jeune héros romain se succèdent à un rythme soutenu, sans aucune interruption. Après « Alixl’intrépide », « Le Sphinx d’Or » et « L’Ile maudite » font la joie des lecteurs. Mais à l’issue du troisième titre de la série, Jacques Martin délaisse provisoirement « Alix » pour s’attacher à une intrigue résolument contemporaine mettant en scène un reporter. Face aux insistances de son éditeur de l’époque, Jacques Martin transpose Alix et Enak dans le vingtième siècle, ce qui donne le tandem Lefranc-Jeanjean. Alix étant d’origine gauloise, son alter ego moderne ne pouvait être qu’un Franc, d’où son nom. A partir de la publication de « La Grande menace » (1953), les récits d’Alix et de Lefranc
paraissent en alternance.
En 1953, Hergé propose à Jacques Martin de collaborer à ses studios. Refusant d’abandonner ses deux assistants, Jacques Martin est intégré avec Leloup et Demarets dans l’équipe du père de Tintin. La participation de Jacques Martin dure dix-neuf années pendant lesquelles il travaille sur plusieurs histoires de Tintin avec entre autres Bob de Moor,
sans pour autant abandonner Alix et Lefranc puisque ceux-ci connaissent respectivement sept et trois aventures nouvelles. Au cours de la décennie suivante, celle qui suit la séparation avec les studios, Jacques Martin crée à une cadence supérieure, publiant neuf titres dans la série « Alix » (du « Prince du Nil » à « L’Empereur de Chine ») et quatre dans celle de
Lefranc (« Des Portes de l’Enfer » à « L’Arme absolue »), et en créant deux nouvelles séries « Jhen » et « Arno ».
L’auteur crée également de nouvelles collections avec un personnage évoluant dans la Grèce antique. Ainsi sera publiée aux éditions Orix la collection « Les voyages d’Orion ». A l’âge de 82 ans, Jacques Martin inaugurait également une nouvelle série « Loïs », mise en images par Olivier Pâques.
Jacques Martin a vendu plus de 15 millions d’albums. Des albums qui regroupent les « Aventures » (plus de 70 albums) et les « Voyages » de sept héros (plus de 50 albums), dont plus de 7 millions d’exemplaires d' »Alix », dont plus de 3 millions d’albums de « Lefranc », plus d’1 million d’albums de « Jhen ».