CES JOURS QUI DISPARAISSENT

Quand Lubin s’aperçoit qu’il ne vit plus qu’un jour sur deux parce qu’un autre lui-même prend le contrôle, c’est tout le fil de sa vie qui s’en trouve bouleversé. Un thriller psychologique palpitant et riche de sens !

Equilibriste, membre d’une troupe de cirque, Lubin chute sur la tête pendant son numéro. Un accident sans gravité mais le lendemain matin, en arrivant au boulot, il se rend compte qu’on n’est pas lundi mais mardi et qu’il a donc dormi une journée entière! Au fil des jours, le phénomène se répète et le jeune homme comprend qu’en réalité il ne dort pas un jour sur deux mais qu’un autre lui-même, au caractère très différent, prend sa place et vit sa propre vie.

Scénario fantastique ou plongée dans la vie d’un schizophrène? Tout au long des 200 pages au trait fin proche du manga et aux teintes douces, « Ces jours qui disparaissent » laisse transparaître le doute. Thimoté Le Boucher installe son récit dans le temps, prenant soin de détailler les conséquences de cette vie hachée tant sur le plan professionnel qu’amical et sentimental. Progressivement, les « absences » de Lubin s’allongent, l’acrobate ne revenant plus tous les deux jours mais, un jour par semaine, puis un par mois, etc.

Pas forcément facile de raconter dans une bande dessinée cette course-poursuite vertigineuse contre le temps perdu. Mais l’auteur de « Skins Party » et des « Vestiaires » s’en sort bien. Gérant parfaitement les ellipses essentielles ici, il parvient à garder son récit fluide tout en faisant monter la tension. D’abord cocasse, la situation prend un tour de plus en plus dramatique à mesure que le temps avance et que le pauvre Lubin vieillit et perd le contrôle. L’occasion de lancer la réflexion sur le temps qui file, notre rapport au corps, l’identité, la dualité de l’être, le renoncement, le conformisme, tout en dégageant beaucoup d’émotion.

Dessin et scénario: Timothé Le Boucher – Editeur: Glénat, collection 1000 Feuilles – Prix: 22,50 euros.

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