Mathieu Sapin : « Mes bouquins sont impossibles à résumer »

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Après « Supermurgeman », qui rappelons le tue ses adversaires en buvant de la bière puis en leur vomissant dessus, Mathieu Sapin raconte les aventures tout aussi décalées et absurdes d’un rasta loser: Francis Blatte.

Il est très difficile de résumer ce premier tome de Francis Blatte. Cela vous ennuie ou c’est au contraire un compliment ?
Mathieu Sapin. C’est une constante chez moi de faire des bouquins impossibles à résumer. Je pars dans toutes les directions et, même si j’ai une idée précise de l’endroit où je souhaite mener mes personnages je m’autorise une grande souplesse dans le développement. Je ne laisse pas la bride à mes personnages et il arrive qu’ils prennent des chemins imprévus. Pour autant ça ne me dérange pas plus que ça ; j’ai essayé de me corriger, mais sans succès.

Et vous, si vous deviez présenter ce nouvel album ?
M.S. Comme Supermurgeman, Francis Blatte est un personnage qui est né dans les pages du magazine Psikopat. Au fil des histoires, il est passé de figurant à second rôle avant de devenir héros de sa propre série. Dans cet épisode, on voit son quotidien de loser rasta bouleversé par l’irruption d’une vieille folledingue qui veut utiliser Francis pour l’aider à faire capoter le rachat de sa maison de disques par des Chinois. La partie se complique avec l’irruption de Paulette Comète, une justicière caractérielle qui en a après Francis…
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Comment se construit une aventure aussi débridée ? Est-ce que tout est bien cadré dès le départ ou laissez-vous une part d’improvisation ?
M.S.
C’est un savant mélange. Je ne vais pas rentrer dans mes secrets de cuisine, mais avant toute chose j’essaye au maximum de développer les traits de caractère de mes personnages avant de les projeter dans l’histoire que j’ai imaginée. S’ils sont suffisamment bien préparés, la moindre de leurs actions peut être anticipée et l’histoire s’écrit toute seule. À partir de là, l’improvisation a également sa place.

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Un héros rasta, c’est assez rare…
M.S. J’ai découvert le reggae très tardivement et on ne peut pas dire que je suis un fan même s’il m’arrive d’en écouter avec plaisir. Je me suis intéressé à la personnalité de Bob Marley en me documentant pour écrire cette histoire et je suis loin d’en avoir fait le tour. Francis est un faux rasta, il aimerait leur ressembler, car il est fasciné par toute la mythologie qui entoure ce mouvement mystico religieux, mais je ne suis pas sûr qu’il soit capable d’appliquer véritablement le mode de vie des rastas.

Tous vos personnages possèdent de vraies tronches. C’est un plaisir de les inventer ?
M.S.
J’avoue prendre un certain plaisir à dessiner/imaginer des personnages ridicules et je tends plus vers la farce et la comédie que vers la tragédie. Les clowns m’amusent et j’espère qu’il en va de même pour ceux qui me lisent.

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En misant sur un humour décalé, qui ne fera pas forcément mouche chez tous les lecteurs, avez-vous l’impression de prendre plus de risque ?
M.S.
Je ne réfléchis pas trop en termes de risque. J’écris les choses en fonction de ce qui me fait rire. Je tiens compte aussi de l’avis de mes copains (Sattouf, Blain, Bravo, Pion, Guibert, Sfar…) mais je suis de toute façon incapable de produire autre chose que ce que je fais. Donc, j’assume ! Je suis malgré tout conscient du fait que ce type d’humour peut déplaire ou laisser indifférent.

Qu’est-ce qui vous fait rire ?
M.S.
Il y en a beaucoup. Pêle-mêle : Les Monthy Python, Crumb, Goosens, Édika, Riad Sattouf, Daniel Clowes, Akira Toriyama, Blutch, Lewis Trondheim…

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

« Les aventures de Francis Blatte » (T1. « Le chant du rastaman ») par Mathieu Sapin, Dargaud.

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