Leslie Plée: « Mes comédies musicales nulles »

Invitée à revisiter les thèmes de l’émission « Personne ne bouge » pour le site d’Arte, Leslie Plée a inventé une improbable et désopilante troupe de comédie musicale. Totalement loufoques, leurs comédies musicales nous ont réconciliées avec un genre si souvent maltraité.

monoperarock.jpgDurant l’année 2016, vos histoires ont accompagné l’émission « Personne ne bouge » d’Arte…
Leslie Plée. Je devais produire une bande dessinée par semaine en fonction du thème de l’émission. Elles étaient publiées sur le site internet d’Arte toutes les semaines. 
 


L’idée de ce trio qui invente des comédies musicales  est arrivée comment ?
L.P. Je devais trouver une idée qui pouvait se décliner avec des thèmes très différents. Je voulais aussi une cohérence au fil des semaines et j’ai pensé aux comédies musicales. 

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Quel rapport entretenez-vous avec les comédies musicales ? 
L.P. D’un côté, j’adore « West Side Story », « Singing in the rain », « Peau d’âne », « Les demoiselles de Rochefort » ou plus récemment les films de Christophe Honoré. Je rêverai de vivre dans une comédie musicale, de faire des pas chassés dans la rue et de chanter à la caisse du Monoprix. D’un autre côté, je me régale des trucs nuls en général, et la production française des comédies musicales me fascine un peu par sa médiocrité. Et comme il y a des comédies musicales sur tout, je me suis dit que ça pouvait être drôle d’inventer mes propres comédies musicales nulles.  

Les idées du producteur partent dans tous les sens. Est-ce compliqué  d’être aussi loufoque ?
L.P. C’est difficile comme question… Parfois, quand j’essaie de faire sciemment loufoque, ça sonne faux ! L’idéal est de laisser aller son esprit. Et d’avoir la faculté mentale de se dire que plus c’est nul, mieux c’est, ce qui n’est pas si évident que ça.
 


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Il vous arrivait de rechigner à travailler sur certains thèmes ou à en espérer d’autres ? 
L.P. La règle était de suivre les thèmes de l’émission et j’étais en effet plus ou moins inspirée. Par exemple, j’ai mis plus de temps à trouver la porte d’entrée avec des thèmes vastes comme l’Autriche, la guerre froide ou le célibat. Certaines semaines, je me demandais vraiment si j’allais y arriver.
 

Chaque comédie musicale se conclut par une critique journalistique souvent féroce…
L.P. Je me moque un petit peu des critiques, mais c’était surtout un moyen humoristique de souligner la nullité de la comédie musicale, de montrer le désastre avec un autre point de vue. Il y a aussi une progression dans les critiques, puisqu’elles ressemblent au début à des articles des Inrocks et finissent comme des prospectus de supermarché. 
 


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Comme les journalistes de votre livre, pourriez-vous faire une critique de « Mon opéra rock »?
L.P. Après avoir exploré les arcanes de l’autofiction avec notamment  « Moi vivant, vous n’aurez jamais de pauses » ou « éloge de la névrose », l’autrice âgée de 36 ans nous livre son album de la maturité, un album résolument fictionnel. Elle nous invite à suivre une troupe passionnée de comédie musicale, mais extrêmement incompétente. S’ils avaient suivi le cursus Art du spectacle à Paris X, ils n’auraient validé aucune matière. Les thèmes s’enchaînent, mais ne se ressemblent pas. On ne s’ennuie pas ou prou. On est ravi de retrouver un dessin à l’aquarelle, contrairement à tous ces dessinateurs qui ne jurent plus que par leur « palette graphique ». Où va le monde ? Déjà que tout a augmenté depuis le passage à l’euro. En conclusion, « Mon opéra rock » est un album de bande dessinée à ne pas manquer si on aime rire de bon cœur. » 


Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« Mon opéra rock » de Leslie Plée. Delcourt. 16,95 euros.

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