Arnaud Le Gouefflec: « Michel n’est pas du tout à la hauteur »

Devenu subitement totalement irrésistible dans le premier tome, Michel doit désormais séduire la femme d’un mafieux. Sauf que ce loser a définitivement perdu son super pouvoir. Arnaud Le Gouefflec conclut parfaitement cette histoire originale dans un deuxième tome tout aussi drôle.

Quel a été le déclic qui vous a donné l’idée de cet homme qui devient irrésistible du jour au lendemain ?
Arnaud Le Gouefflec. J’ai écrit un roman en 2009 sur ce thème, qui s’appelle « L’Irrésistible » et je voulais revisiter cette idée. Je suis très intéressé par les personnages déchirés entre la banalité et l’exceptionnel, et notamment ceux qui se découvrent un super pouvoir. Et puis ce thème permet de décliner toutes sortes de situations drôles et finalement assez révélatrices de notre condition : Michel est un médiocre doté de quelques belles qualités. Comme beaucoup d’entre nous (sourire).

Vous aviez vu le film « Du jour au lendemain » avec Benoît Poelvoorde ?
A. L. G. Ah non, je ne connais pas ce film. Merci du conseil.

En devenant séducteur, Michel devient aussi très con. Est-ce presque indissociable ?
A. L. G. C’est un thème récurrent : celui du personnage qui se retrouve soudain aux prises avec quelque chose qu’il n’est pas préparé à gérer. Un grand pouvoir implique une grande responsabilité, dit-on dans Spiderman. Michel n’est manifestement pas du tout à la hauteur de ces responsabilités (sourire). C’est un peu ce qu’on peut observer chez certaines personnes qui font subitement fortune. Ça peut les détruire ou les faire ruer dans la folie, ou dans la connerie.

Votre série parle aussi de la célébrité. Est-ce en réaction aux starlettes de téléréalité ?
A. L. G. 
Pas précisément. Mais là aussi, la célébrité subite est quelque chose de profondément destructeur. J’imagine que la célébrité se dompte, se gère, et nécessite un long apprentissage. Avec la télé-réalité, on a vu des gens se retrouver soudain pris dans les projecteurs, comme un lapin au milieu de la clairière. C’est le vieux thème du personnage qui trouve soudain quelque chose qu’il ne peut gérer et qui le détruit.

Le deuxième tome est différent avec cette femme de mafieux à séduire. Il fallait éviter de tourner en rond ?
A. L. G. Non, c’est le contrepoint du premier. Michel est un type banal qui devient subitement irrésistible dans le tome 1. Dans le 2, c’est l’inverse : c’est un Don Juan célèbre qui devient subitement normal. Le second est ainsi le miroir du premier. Ça permet de créer toutes sortes de situations miroir comiques.

Yannick Grossetête retranscrit parfaitement les différentes émotions de Michel. Son dessin était idéal pour raconter cette histoire ?
A. L. G. 
Absolument. Il a le don des expressions, et sait rendre toutes les variations d’humeur de Michel avec beaucoup de subtilité. L’histoire a d’ailleurs été écrite sur mesure pour son dessin.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

« Michel – Tome 2. Just a gigolo » par Arnaud Le Gouefflec. Fluide Glacial. 10,95 euros.

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