UN ETE ANDALOU ET AUTRES AUBERGINES

Variations autour des aubergines. Un manga simple et humain qui ouvre la nouvelle collection de mangas adulte de Casterman.

L’univers du manga s’enrichit encore. « Sakka » – qui signifie « auteur » en japonais – est la nouvelle collection de mangas de Casterman dirigée par Frédéric Boilet (« Tokyo est mon jardin » avec Benoît Peeters, « Mariko Parade » avec Kan Takahama). Surfant sur le succès de « Quartier Lointain » de Jirô Taniguchi, les titres choisis sont destinés à un public adulte.

Ce premier tome d' »Un été andalou et autres aubergines » réunit six courts récits ancrés dans la vie quotidienne et ayant deux points communs. Le premier, évident, est l’aubergine que l’on retrouve mangée à toutes les sauces tout au long du recueil. Le deuxième est un certain mal de vivre des héros de ces récits, des personnages qui pour la plupart refusent de rentrer dans le rang dicté par la société. C’est souvent aussi la collusion entre le monde de l’enfance et l’âge adulte qu’Iô Kuroda décrit ici avec des adolescents à qui on demande des responsabilités d’adultes ou au contraire, des adultes qui semblent peu responsables: un couple d’adolescents fugueurs complètement paumés, une jeune fille qui doit nourrir ses frères et sœurs après la fuite de son père ruiné, une cadre célibataire et indépendante qui voit le temps s’égrener, etc. Seul le cycliste espagnol, simple coéquipier dans son équipe, qui gagne une course nous offre un angle un peu différent puisque ce récit prend pour cadre non plus le Japon mais l’Espagne et s’intéresse à un sport peu connu dans l’archipel nippon.

La narration est simple et intéressera surtout les lecteurs amateurs d’histoires ancrées dans le réel. Ici pas d’effet spectaculaire (la course cycliste est toutefois plus dynamique que les autres), nous sommes avant tout dans la vie quotidienne. Le dessin presque sans trame est détaillé mais parfois maladroit dans certains visages et certaines proportions. De plus, le trait très épais des dessins et des cases donne malheureusement une impression de fouillis.

Deux chapitres de ce premier tome ont été adaptés en film d’animation sous le titre « Nasu : un été andalou » par Kitarô Kosaka, l’un des collaborateurs attitrés de Hayao Miyazaki (« Le voyage de Chihiro »).

Casterman

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