SOCRATE LE DEMI-CHIEN – Tome 2. Ulysse

Suite des péripéties philosophico-mythologiques de Socrate le demi-chien. Un régal d’humour et d’impertinence encore meilleur que l’opus précédent.

Les grandes figures de la mythologie comme vous ne les avez jamais vues. Le chien Socrate revient dans un deuxième opus, toujours accompagné de son maître Héraclès, demi-dieu et dragueur invétéré. Fatigué de ses débordements sexuels, il l’emmène à Ithaque pour l’inciter à se caser en lui montrant l’amour parfait, celui d’Ulysse et Pénélope. Mais en fait d’amour conjugal, c’est une Pénélope en larmes qu’ils trouvent: le valeureux Ulysse a décidé d’abandonner femme et enfant et d’aller voir ailleurs. N’écoutant que sa libido, Héraclès console avec ardeur Pénélope…. C’est le début des ennuis.

Homère, Ulysse et les autres se retourneraient dans leurs tombes s’ils savaient. Car Sfar maltraite la mythologie grecque et visiblement il s’amuse comme un petit fou. Et comme il aime aussi faire philosopher les animaux, l’auteur du très réussi « Chat du rabbin » (un chat du quartier juif d’Alger dans les années 1920) a cette fois choisi un chien bavard doté d’une acuité rare. Le bien nommé Socrate multiplie les rencontres légendaires à commencer par Héraclès, une espèce de brute égoïste au front bas et à la musculature poilue; Homère, le cyclope géant aveugle mais poète et son père, Poséidon le dieu des océans; le marin grec Ulysse qui après avoir collectionné une femme dans chaque port se découvre un penchant homosexuel puis se met en ménage avec la belle Circé, etc.

Si le premier tome de « Socrate le demi-chien » souffrait d’un scénario un peu léger, celui-ci bénéficie d’une intrigue bien construite et source de nombreux rebondissements. Socrate qui tout philosophe qu’il est n’en est pas moins chien, suit fidèlement son maître et s’en prend plein la tête. Heureusement entre violence, trahison et guerre, il trouvera tout de même un peu de réconfort avec Homère et de tendresse avec une femme laide mais attentionnée. Le résultat est jubilatoire: les dialogues et les commentaires du toutou, mélange de modernité et de prose littéraire, sont irrésistibles d’impertinence.

Sfar laisse ici le crayon à Christophe Blain avec lequel il a déjà collaboré sur « Donjon Potron Minet ». Le dessin de Blain, tout en hachures, est assez simple avec de grands aplats de couleurs et très peu de décors mais cela suffit largement à nous plonger dans un véritable délire philosophico-humoristique sur les rapports humains… Comme quoi, la philosophie c’est aussi pour les chiens!

Dargaud

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