SAVEUR COCO

Une cigogne et un fennec parcourent le désert en quête d’eau. Une plongée dans l’absurde et le poétique dans un registre différent de celui auquel nous a habitué Renaud Dillies.

Jiři la cigogne et Pôlka le fennec ont vraiment trop soif au milieu de leur désert. Ils décident donc de partir à la recherche d’une eau salvatrice. Mais dans ce désert pas si désert que cela, les deux amis vont surtout faire d’étranges rencontres, entre poisson volant nocturne, poulpe livreur de colis ou chat pirate.

Un nouvel album de Renaud Dillies met forcément l’eau à la bouche. Surtout que la couverture donne le ton avec ses personnages mignons, ses couleurs gaies et son trait fin minutieux. Les planches intérieures à l’aquarelle sont dans le même esprit: le découpage est incroyable avec des cases rondes, carrées, pleine page et même cernées d’enluminures d’inspiration latino-américaine… La typo n’est pas en reste avec des lettrines colorées pour chaque bulle. Bref, encore une fois le soin apporté par l’auteur lillois à ses planches est remarquable.

Mais « Saveur coco » n’est pas « Abélard » ou « Betty Blues ». Nettement moins torturés que les héros habituels de Dillies, beaucoup moins émouvants, Jiři et Pôlka ne séduisent pas autant malgré des dialogues et jeux de mots savoureux. Et puis, « Saveur Coco » nous laisse un peu sur notre faim. En dépit de ses improbables rencontres, le duo ne sera pas au final plus avancé dans sa quête de l’eau… Certes, on pourra objecter que l’album se déroule comme un rêve, donc sans véritable fin. On ne pourra pas non plus nier que le véritable coeur de l’album est un travail sur l’absurde, avec des situations déjantées mais toujours poétiques. Et de ce point de vue là, « Saveur Coco » réussit son coup. Les fans de Renaud Dillies risquent jusque d’être surpris, voire un peu déçus.

Dargaud

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