SAMEDI RÉPIT

Un instant dans la vie des habitants d’une ville de banlieue désertée, englués dans le chômage, la délinquance et la haine. Un drôle d’album d’une noirceur saisissante.

Dans une ville de banlieue en pleine décrépitude depuis la fermeture de l’usine locale errent ceux qui ont tout perdu – travail, dignité, espoir – et un Arlequin monochrome… qui, au milieu d’un marais, jette une pierre au visage du héros dans une drôle de partie de base-ball… Dramaturge de l’absurde, Samuel Beckett aurait certainement goûté l’hommage rendu par Andrea Bruno qui s’est inspiré d’un de ses poèmes (« Samedi répit / plus rire / depuis minuit / jusqu’à minuit / pas pleurer ») pour donner un nom à son album.

Proposées dans un format vertical démesuré (28x40cm), les 32 planches de l’auteur italien (« Bouillon de néant ») sont en tout cas impressionnantes. A l’image de l’histoire, elles crachent des dessins très noirs maculés de taches d’encre, des lieux lugubres et sales où se repaissent les rats, les visages défaits aux orbites noires de ceux qui survivent de magouilles, de vols et de meurtres… Malgré un scénario difficile à aborder, « Samedi Répit » vaut le coup d’oeil pour cette ambiance oppressante, brute et violente.

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