QUATRE COULEURS

Deux étudiants décident d’échanger leur identité pour réussir leurs examens. Un album réussi à partir d’un simple exercice de style: n’utiliser qu’un stylo bille quatre couleurs.

C’est fou ce qu’on peut faire avec un simple stylo bille quatre couleurs. Blaise Guinin (« En attendant que le vent tourne », « Georges et la mort ») le prouve en faisant une bande dessinée. « Quatre couleurs » c’est l’histoire au format 15x21cm de deux étudiants qui décident d’échanger leur cours pour pouvoir améliorer leurs moyennes dans la matière que chacun maîtrise. L’astuce est toute bête mais rien ne se passe comme prévu.

Rouge, vert, bleu et noir. Quatre couleurs comme les quatre femmes que Grégoire et Pierre rencontrent: rouge comme la chevelure de Mathilde dont Pierre tombe amoureux, vert comme les lunettes de la prof sexy, bleu comme les tenues d’une étudiante sur laquelle fantasme Grégoire et noir comme la chevelure de Chloé de Jais, une ancienne conquête du même Grégoire. Des filles, des étudiants plus ou moins glandeurs et dragueurs… « Quatre couleurs » commence comme une petite chronique sociale sur la jeunesse étudiante sur fond d’exercice de style: le récit s’articule en courts chapitres séquencés par couleur. Une contrainte technique avec laquelle a su jouer l’auteur pour créer une atmosphère visuelle cohérente qui multiplie les cadrages inventifs et les perspectives originales sans oublier de subtiles clins d’oeil à l’histoire de l’art (la filière universitaire de Grégoire): « La Naissance de Vénus » de Botticelli, « Le cri » de Munch, « Le Portrait d’Aristide Bruant » par Toulouse-Lautrec, « La Nuit étoilée » de Van Gogh, etc.

Mais « Quatre couleurs » va au delà du jeu créatif autour de la quadrichromie. Rapidement on sent que l’échange d’identité va mal tourner, la tension monte imperceptiblement. L’histoire que nous raconte Guinin s’avère bien construite et véritablement prenante. Une très belle surprise.

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