PEST – Tome 2. Les Boîtes noires

La fin attendue – depuis neuf ans! – d’un diptyque autour d’une épidémie mortelle dévastant Spleen City qui n’est ni le fruit du hasard, ni un châtiment divin. Un bon moment de lecture.

Mieux vaut tard que jamais. Neuf ans après le premier tome (qui ressort pour l’occasion dans une nouvelle édition), Corbeyran et Bouillez publient enfin la suite de l’histoire de Spleen City, une ville frappée depuis dix ans par la « pest », une maladie mortelle dont les autorités tardent à trouver le remède. Tout s’accélère lorsque le jeune aide-analyste Abélard Tournemine découvre par hasard un ignoble complot fomenté par les trois édiles de la ville: Balthazar Kilojoule, responsable des recherches sur le mal incurable, le professeur Kalygary du centre d’analyses de la station d’épuration, et Gaspard le maire de Spleen City.

Corbeyran aime les univers insolites. Celui de « Pest » est dans la même veine avec un monde impossible à situer dans le temps, peuplé de machines bizarroïdes bourrées de vis et de bras articulés et de gens farfelus plutôt mal foutus – mais craquants! -, habillés comme au début du siècle dernier. Le trait fin de Bouillez offre des cases pleines de détails à l’architecture originale lorsqu’il ne privilégie pas les ombres chinoises. Il réussit aussi à donner de la légèreté à ce récit qui aurait pu être beaucoup plus glauque.

Les fidèles lecteurs de Corbeyran pourront reprocher à « Pest » de rappeler d’une manière ou d’une autre (en particulier le héros naïf et innocent et l’ambiance post-apocalyptique) plusieurs de ses séries, comme « Le Régulateur », « ‪Abraxas‬ », « Le fond du monde » ou « Le phalanstère du bout du monde » (dessiné là aussi par Bouillez). Le principe de la maladie incurable inoculée volontairement à des fins despotiques, le tout sur fond d’obscurantisme religieux, est également assez classique.
Mais, indéniablement, avec « Pest », le charme fonctionne. On a bien fait d’être patient.

Delcourt

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